Qui aurait cru que les veines aurifères de l’Ituri reverdiraient si rapidement ? Après quatre semaines de paralysie totale, plus de 30 000 jeunes orpailleurs ont repris le chemin des sites miniers artisanaux autour de Lopa et Iga-Barrière. Cette reprise spectaculaire de l’orpaillage dans l’Ituri intervient après le déploiement stratégique des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), qui ont neutralisé la menace persistante de la milice CODECO aux abords des zones d’exploitation.
Comment cette résurrection économique s’est-elle opérée ? Selon Exupéry Ngbathoma, président des jeunes de Lopa, les carrières de Mutsi et Tsoso sont désormais pleinement opérationnelles grâce à la sécurisation militaire. “Les militaires ont établi un périmètre de protection après nos appels répétés”, confie-t-il, ajoutant que le site de Malabo devrait rouvrir sous peu après les opérations de ratissage en cours. Cette intervention décisive des FARDC dans la sécurisation des mines met fin à une période d’oisiveté forcée qui plongeait des milliers de familles dans la précarité.
L’impact économique de cette reprise dépasse largement le cadre de l’extraction artisanale. Véritable colonne vertébrale de l’économie locale en Ituri, l’orpaillage fait vivre toute une chaîne commerciale : depuis les creuseurs jusqu’aux négociants installés dans les maisons d’achat, qui exportent le précieux métal vers Bunia ou l’Ouganda. Chaque gramme d’or extrait génère des flux commerciaux transfrontaliers et alimente les marchés locaux en biens essentiels. Une étude récente de la Banque Centrale évalue à 40% la contribution de ce secteur au PIB informel provincial.
Mais cette renaissance fragile pourrait-elle résister aux défis structurels ? Si les activités minières artisanales redynamisent aujourd’hui l’économie locale, leur pérennité dépendra de la capacité des FARDC à maintenir une présence durable. La CODECO, bien que repoussée, rôde toujours en périphérie des zones aurifères. Les spécialistes en sécurité minière soulignent qu’une solution pérenne nécessitera un maillage sécuritaire renforcé couplé à une formalisation des coopératives d’orpailleurs. “La sécurisation des mines n’est que le premier maillon”, analyse un expert économique de Bunia, “l’enjeu est désormais d’ancrer cette reprise dans un cadre institutionnel stable”.
Quels enseignements tirer de ce redémarrage ? La résilience des communautés minières de l’Ituri démontre l’importance vitale de l’or artisanal comme amortisseur social. Avec près de 70% des revenus ménagers dépendant de cette activité selon les chiffres de la division provinciale des Mines, chaque jour d’exploitation perdu plonge des milliers de personnes dans l’insécurité alimentaire. La reprise actuelle, bien qu’incomplète, ouvre cependant une fenêtre d’opportunité pour structurer la filière – à condition que la paix soit consolidée. L’économie locale en Ituri retient son souffle : la prochaine étape consistera à transformer cette embellie conjoncturelle en dynamique durable.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
