Dans un contexte sécuritaire où l’Est de la République Démocratique du Congo reste en proie aux groupes armés, la reconduction de Guy Kabombo Mwadiamvita à la tête du ministère Défense nationale RDC dans le gouvernement Suminwa II suscite autant d’attentes que d’interrogations. Le vice-Premier ministre a immédiatement fixé le cap de son mandat autour d’un triptyque ambitieux présenté comme le remède aux maux chroniques des Forces Armées.
Premier axe stratégique : la mise en œuvre accélérée du plan de réforme des FARDC 2022–2028. Ce cadre, maintes fois évoqué mais peinant à se concrétiser, devient désormais la boussole institutionnelle. Kabombo insiste sur l’urgence de transformer ce document de référence en actions tangibles, alors que les foyers de tension persistent dans le Kivu. « Une défense forte passe par des troupes bien formées, bien équipées et bien logées », a déclaré le ministre, martelant cette maxime qui résonne comme un aveu implicite des carences actuelles.
Deuxième pilier : la restructuration armée congolaise couplée à sa modernisation technique. Cette ambition soulève immédiatement la question des moyens. Le ministre devra naviguer entre les impératifs opérationnels immédiats et la refonte en profondeur d’une institution minée par des décennies de sous-investissement. La professionnalisation des effectifs et la rationalisation des structures s’annoncent comme un chantier titanesque, dans un pays où la réforme du secteur de sécurité échoue souvent aux portes des réalités budgétaires.
Troisième engagement, et non des moindres : l’amélioration des conditions sociales militaires RDC. Guy Kabombo Mwadiamvita place cet enjeu humain au cœur de sa doctrine, reconnaissant qu’une armée ne peut être efficace sans garantir la dignité de ses hommes et de leurs familles. Casernements délabrés, salaires irréguliers, prise en charge médicale déficiente – le ministre hérite d’un dossier explosif où les promesses passées ont souvent buté sur l’âpre réalité des caisses de l’État.
Ce triptyque formation-équipement-casernement se veut le socle d’une « armée républicaine et motivée », selon les termes du ministre. Mais derrière cette rhétorique volontariste se cachent des défis structurels redoutables. La réforme FARDC 2022–2028 pourra-t-elle vraiment s’affranchir des lourdeurs administratives et des logiques clientélistes qui ont entravé les initiatives précédentes ? La restructuration armée congolaise impliquera-t-elle des choix impopulaires, comme la réduction d’effectifs pléthoriques ?
Kabombo joue manifestement son crédit politique sur cette transformation présentée comme vitale pour la souveraineté nationale. Son discours, habilement centré sur les aspects techniques, évite soigneusement d’évoquer les obstacles politiques et financiers. Pourtant, sans un soutien budgétaire massif et une volonté politique inébranlable, ce projet risque de rejoindre au cimetière des bonnes intentions les nombreuses réformes avortées. Le ministre parviendra-t-il à imposer ses priorités dans l’arène budgétaire où se joue la véritable bataille ?
L’enjeu dépasse la seule efficacité militaire. Une refonte réussie des FARDC pourrait reconfigurer l’équilibre des pouvoirs et consolider la légitimité du gouvernement face à une opinion publique lassée par l’éternel recommencement des programmes de restructuration. Mais l’échec, lui, fragiliserait durablement tant la sécurité du territoire que la crédibilité du pouvoir central. Le compte à rebours est lancé pour Guy Kabombo Mwadiamvita, dont le second mandat s’annonce comme une traversée périlleuse entre ambitions affichées et contraintes persistantes.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net