L’ombre des Forces démocratiques alliées (ADF) plane toujours sur Komanda, en Ituri. Deux semaines après le massacre ayant coûté la vie à 43 civils les 26 et 27 juillet 2025, la situation sécuritaire demeure explosive. Des hommes armés non identifiés rôdent toujours aux abords de la localité, semant la terreur parmi les survivants traumatisés.
Le carnage s’est déroulé dans des circonstances particulièrement macabres. La majorité des victimes, dont plusieurs enfants, ont été sauvagement assassinées à l’arme blanche. L’attaque a ciblé l’église catholique de la paroisse Bienheureuse Anuarite où les fidèles s’étaient réunis pour une veillée de prière nocturne. Cette profanation d’un lieu sacré ajoute une dimension sinistre aux violences perpétrées par les ADF dans cette région orientale de la RDC.
Malgré le déploiement des Forces armées de la RDC (FARDC) et de leurs partenaires, la population de la chefferie de Walese Vonkutu vit dans l’angoisse permanente. Les patrouilles militaires peinent à rassurer des communautés meurtries par des années de conflits cycliques. Comment expliquer cette incapacité à protéger les civils après un tel drame ? La société civile locale pointe un déficit criant de stratégie sécuritaire efficace.
Gabriel Sonyiau, président de la société civile de Walese Vonkutu, tire la sonnette d’alarme : “Nos villages restent la cible de groupes armés qui opèrent en toute impunité. La présence militaire actuelle ne suffit pas à dissuader les assaillants”. Face à cette crise sécuritaire qui s’enlise, il formule des demandes précises aux autorités. Parmi les mesures urgentes : un déploiement renforcé de troupes proches des populations, l’envoi d’unités spécialisées dans la traque des miliciens, et la création de comités locaux d’alerte pour améliorer la coordination avec l’armée.
L’urgence humanitaire s’ajoute au désastre sécuritaire. Les survivants du massacre de Komanda et les déplacés internes manquent de tout. Aucune aide structurée n’a été déployée pour prendre en charge les blessés psychologiques et physiques. Cette carence alimente un sentiment d’abandon chez des populations déjà vulnérables. La société civile insiste sur la nécessité d’un plan d’assistance immédiat pour éviter une catastrophe sanitaire.
L’incapacité à sécuriser Komanda illustre la fragilité chronique de l’Ituri. Les ADF continuent d’exploiter les failles du dispositif de défense, adaptant leurs tactiques à chaque intervention militaire. Combien de massacres faudra-t-il encore déplorer avant qu’une réponse coordonnée ne soit mise en œuvre ? La persistance d’hommes armés aux portes de la localité deux semaines après l’attaque pose une question cruciale sur l’efficacité réelle des opérations en cours.
La crise sécuritaire dans cette partie de la RDC exige plus que des déclarations d’intention. Les propositions de la société civile de Walese Vonkutu offrent des pistes concrètes. Leur mise en œuvre rapide pourrait briser le cycle infernal des violences. Mais le temps presse : chaque heure perdue accroît la vulnérabilité des civils et renforce l’emprise des groupes armés sur le territoire.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net