Une onde de choc traverse le Kasaï-Central ce samedi 9 août 2025. Dans les couloirs du gouvernement provincial, on chuchote la terrible nouvelle : Maître Alain Lukusa Mpoyi, ministre de l’Intérieur, de la Sécurité et de la Justice, n’est plus. « Comment accepter cette disparition soudaine ? », s’interroge un collaborateur anonyme, la voix nouée. Selon des sources familiales, l’élu a succombé à Kinshasa à une « courte maladie », plongeant sa région natale dans une stupeur douloureuse.
Originaire de Dibaya, fils du notable Mpoyi Tshikem, le défunt incarnait l’espoir d’une génération politique renouvelée. Élu député provincial de Kananga sur la liste UDPS/Tshisekedi, il avait gravi les échelons avec pragmatisme : président de la cruciale Commission politique, administrative et juridique avant d’intégrer l’équipe du gouverneur Joseph Moïse Kambulu. Son ascension culmina le mois dernier lorsqu’il assura l’intérim du gouverneur, suite à l’interpellation de ce dernier par le vice-Premier ministre de l’Intérieur. Un destin brisé au zénith de sa carrière.
Au-delà des fonctions officielles, c’est son engagement social qui marquera les mémoires. Qui oubliera son rôle pivot dans le projet Bupole (2017-2018) ? Dans cette région meurtrie, Lukusa Mpoyi œuvra sans relâche à la réinsertion des miliciens Kamuina Nsapu. « Sans lui, des centaines d’ex-combattants seraient restés dans la violence », confie un ancien bénéficiaire du programme. Cet avocat du barreau du Kasaï-Central transformait les discours en actes, tissant des ponts entre l’État et les marges.
À seulement quarante ans, le ministre laisse une veuve et des enfants orphelins. Le gouvernement provincial, frappé de plein fouet, annonce que le programme de rapatriement de la dépouille et des obsèques sera communiqué ultérieurement. Une question brûle les lèvres : comment le Kasaï-Central surmontera-t-il cette perte cruelle ? En pleine recomposition politique, la disparition de Lukusa Mpoyi prive la province d’un médiateur hors pair, capable de naviguer entre traditions locales et modernité étatique.
Alors que Kinshasa prépare déjà les obsèques, Kananga retient son souffle. Les hommages fusent, soulignant l’intégrité d’un homme qui refusait les compromissions. « Il portait la justice comme une seconde peau », se remémore un confrère avocat. Sa mort rappelle cruellement la précarité des vies publiques en RDC, où l’urgence politique éclipse souvent la santé des dirigeants. Derrière les titres officiels et les projets ambitieux comme la réintégration des miliciens Kamuina Nsapu, c’est une tragédie humaine qui se joue – un rappel que les bâtisseurs de paix sont eux-mêmes vulnérables.
Le gouvernement provincial perd plus qu’un ministre : un architecte de la cohésion sociale. Dans cette province travaillée par les tensions, l’héritage de Lukusa Mpoyi questionne notre capacité à pérenniser les processus de réconciliation. Alors que son cercueil s’apprête à traverser le pays, une nation se demande comment honorer ceux qui tissent la paix avant que le silence ne les emporte.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
