Le FC Bayern Munich et le Rwanda Development Board viennent de frapper un grand coup sur le terrain des partenariats sportifs ! Un nouvel accord triennal, valable jusqu’en 2028, transforme radicalement leur collaboration. Exit le simple sponsoring commercial : place à un programme ambitieux de développement du football rwandais via l’expansion de l’Académie du FC Bayern à Kigali. Une révolution stratégique qui propulse le Rwanda sur l’échiquier du football africain, mais qui s’effectue dans un contexte géopolitique explosif.
Jan-Christian Dreesen, PDG du géant bavarois, ne cache pas sa satisfaction : « Nous transformons notre partenariat en un programme de développement des talents. L’agrandissement de l’académie à Kigali répond parfaitement à notre vision stratégique pour l’Afrique ». Preuve tangible de ce succès ? Deux pépites rwandaises, Ndayishimiye Barthazar et David Okoce, viennent d’intégrer l’équipe mondiale U19 du Bayern. Un sacre pour ces jeunes pousses formées au cœur des installations kigaliennes !
Jean-Guy Afrika, patron du RDB, y voit bien plus qu’une victoire sportive : « Ce partenariat positionne le Rwanda comme hub mondial du tourisme, de l’investissement et du sport d’élite ». Pourtant, ce nouveau chapitre efface-t-il vraiment le passé ? Rappelons qu’en août 2023, le « Visit Rwanda » s’affichait en lettres géantes sur les panneaux de l’Allianz Arena. Un sponsoring touristique devenu aujourd’hui l’épicentre d’une tempête diplomatique.
Alors que le M23 et les forces rwandaises grignotent du terrain dans l’Est de la RDC, Kinshasa monte au créneau. La ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a lancé un avertissement cinglant aux clubs européens dans une correspondance en février dernier : « Ces accords sont entachés de sang ». Un coup de semonce qui vise directement le financement du « Visit Rwanda ».
Le dossier est brûlant : selon un récent rapport d’experts de l’ONU, au moins 150 tonnes de coltan congolais auraient été exportées illégalement vers le Rwanda avant d’être blanchies sur les marchés internationaux. Une exploitation minière illégale qui alimenterait, selon Kinshasa, les caisses de la campagne touristique rwandaise. Comment le Bayern peut-il dribbler ces accusations lorsqu’un groupe d’experts onusiens pointe du doigt ce trafic ?
Sur le terrain politique, la RDC tente une pression tous azimuts. La diplomatie congolaise brandit ce partenariat comme symbole du paradoxe rwandais : d’un côté, Kigali cultive son image de nation progressiste à travers le football ; de l’autre, elle serait impliquée dans un conflit dévastateur à l’Est du Congo. Un jeu dangereux où ballons et minerais semblent inextricablement liés.
Le Bayern Munich se retrouve ainsi pris en tenaille entre ses ambitions africaines et une réalité géopolitique explosive. L’académie de Kigali peut-elle vraiment s’épanouir loin des cris des combats qui déchirent le Kivu ? Alors que les jeunes Rwandais rêvent de dribbles victorieux, des milliers de Congolais fuient les avancées militaires. Ce partenariat triomphaliste résistera-t-il aux rapports accablants sur l’exploitation minière illégale ? Le ballon rond peut-il rouler sur un champ de mines ? L’avenir nous le dira, mais une chose est sûre : en prolongeant ce partenariat jusqu’en 2028, le club bavarois vient de marquer un but… à l’aveugle.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Actualite.cd