Alors que la rentrée scolaire en République Démocratique du Congo approche à grands pas, un vent de crise souffle sur le secteur éducatif. Vendredi dernier à Kinshasa, la Synergie des syndicats des enseignants a dressé un bilan accablant lors de son assemblée générale. Comment un système censé former les futures générations peut-il fonctionner avec autant de lacures structurelles ? La question résonne avec une inquiétude croissante parmi les acteurs du milieu.
Dans une déclaration rendue publique, Jean-Bosco Puna, secrétaire général de la Synergie, a pointé du doigt des dysfonctionnements systémiques qui minent l’éducation nationale. L’urgence absolue ? La publication immédiate des résolutions sur la politique salariale. “Le gouvernement doit cesser de jouer avec l’avenir de nos enseignants”, a-t-il lancé, soulignant que l’équité salariale reste la pierre angulaire de toute réforme durable. Sans un barème salarial clair et transparent, comment garantir la motivation des professeurs confrontés quotidiennement à des classes surchargées ?
Mais les préoccupations vont bien au-delà des simples questions pécuniaires. Les syndicats dénoncent une “caporalisation” inquiétante des examens certificatifs, où certains acteurs non identifiés exerceraient un contrôle abusif sur les épreuves. Cette mainmise obscure compromet selon eux la crédibilité même des diplômes délivrés. “Qui tire réellement les ficelles de notre système d’évaluation ?”, s’interroge un enseignant présent à l’assemblée, sous couvert d’anonymat. Pour y remédier, la convocation d’états généraux de l’Inspection générale s’impose, afin de redéfinir ses missions fondamentales dans l’organisation des examens.
La liste des revendications s’allonge comme un cri d’alarme : annulation de la circulaire controversée sur le maintien des filles enceintes à l’école, règlement urgent des litiges entravant l’inscription des élèves via les bulletins scolaires, et tenue d’une plénière avec les bancs syndicaux. Autant de dossiers brûlants qui, s’ils ne sont pas traités, risquent de transformer la prochaine rentrée scolaire en véritable champ de bataille pédagogique. “Les autorités doivent prendre leurs responsabilités maintenant, pas demain”, insiste Jean-Bosco Puna, rappelant que chaque jour perdu creuse un peu plus le fossé entre les promesses gouvernementales et la réalité des salles de classe.
Derrière ces tensions se profile une question plus fondamentale : la RDC peut-elle vraiment bâtir son avenir sans un système éducatif fonctionnel ? Les réformes scolaires tant attendues peinent à se concrétiser, tandis que les enseignants, premiers artisans de la transmission du savoir, voient leurs conditions se dégrader. À l’heure où le pays aspire au développement, l’éducation reste le parent pauvre des priorités nationales. La balle est désormais dans le camp des décideurs : sauront-ils éviter le scénario catastrophe d’une année scolaire paralysée par les conflits et les manquements ?
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net