L’horizon énergétique du Nord-Kivu pourrait connaître une transformation majeure avec le projet phare de Symbion Power. L’entreprise américaine s’engage à injecter 700 millions de dollars pour construire une centrale électrique de 140 mégawatts exploitant les ressources uniques du lac Kivu, assortie de lignes de transport stratégiques le long de la frontière rwandaise. Ce projet méthane Kivu promet d’extraire le gaz dissous dans les profondeurs lacustres pour électrifier Goma et sa région, palliant ainsi le déficit énergétique chronique qui entrave le développement économique de l’Est congolais.
Pourtant, ce investissement énergie RDC historique reste suspendu à une condition non-négociable : le retrait total des rebelles du M23 et une amélioration tangible de la sécurité dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. « Pas de centrale sans stabilité », a martelé Paul Hinks, PDG de Symbion Power RDC, soulignant l’impossible conciliation entre instabilité armée et infrastructures lourdes. Un avertissement qui résonne comme un défi aux parties prenantes du conflit.
Ce projet s’inscrit dans le cadre plus vaste d’un accord économique RDC-Rwanda scellé récemment sous médiation américaine. Fruit des négociations de Washington, ce partenariat régional verra prochainement les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame rencontrer Donald Trump pour finaliser les dispositions techniques. Comment ignorer le symbole fort que représente cette centrale électrique lac Kivu dans la coopération transfrontalière ?
Massad Boulos, conseiller spécial du président américain, confirme à Bloomberg la portée stratégique de ces investissements : « Ils matérialisent l’engagement des États-Unis à soutenir le développement économique et consolider les relations bilatérales avec la RDC et le Rwanda ». Une vision qui place l’exploitation du méthane du Kivu comme pierre angulaire de l’intégration régionale.
L’équation économique reste cependant complexe. La future centrale pourrait couvrir près de 30% des besoins énergétiques actuels du Nord-Kivu, un levier majeur pour l’industrialisation. Mais l’insécurité persistante grève tout scénario de rentabilité. Les investisseurs internationaux observeront-ils indéfiniment un potentiel de 55 milliards de mètres cubes de méthane sous-exploité ? La réponse dépendra de la capacité des gouvernements à pacifier la région.
À l’heure où le lac Kivu accumule chaque année 250 millions de mètres cubes de gaz supplémentaires, ce projet cristallise l’urgence d’une transition énergétique conditionnée par la paix. L’alternative est amère : voir s’évaporer 700 millions de dollars d’investissements et prolonger le calvaire énergétique de millions de Congolais. Le compte à rebours sécuritaire est lancé.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net
