La publication du Gouvernement Suminwa II a provoqué un séisme dans les rangs de la société civile congolaise. Vendredi 8 août, le Conseil suprême de la société civile de RDC a exprimé une déception cinglante face à une composition gouvernementale qualifiée de « reconduction du statu quo » plutôt que de renouveau tant attendu.
Carlos Mupili, président national de cette structure citoyenne, n’a pas mâché ses mots : « Alors que la nation traverse une période critique, marquée par une crise sécuritaire persistante dans l’Est, une pauvreté généralisée et des services publics défaillants, la population espérait un Gouvernement construit sur la méritocratie et la compétence ». Une attente manifestement trahie selon lui, qui déplore que « l’incompétence ait été récompensée » tandis que la méritocratie était « envoyée à la morgue ».
Le diagnostic est sans appel : « Reconduire des ministres incapables de produire des résultats tangibles équivaut à signer l’acte de décès de la bonne gouvernance dans notre pays ». Cette phrase assassine résume l’amertume d’une société civile qui observe, impuissante, la perpétuation d’un système où l’échec ne serait pas sanctionné. Une critique acerbe qui interroge sur les véritables critères de sélection ayant présidé à cette nomination gouvernementale sous l’ère Tshisekedi.
« La reconduction des ministres Lihau, Wagner Kayikwamba, Sombo, Paluku, Mwadavinta et l’entrée de Muzito est à saluer »
Pourtant, Mupili nuance son réquisitoire en saluant quelques exceptions notables, reconnaissant ainsi une parcelle de rationalité dans ce paysage politique contrasté. Mais cette concession ne suffit pas à atténuer le constat d’ensemble : la société civile fustige une tendance inquiétante où certains ministres « tentent de masquer leur échec de gestion en se livrant à des discours populistes », notamment par des attaques systématiques contre l’ancien président Joseph Kabila. Une diversion jugée pathétique qui détournerait l’attention des véritables enjeux de gouvernance.
Dans ce contexte explosif, le Conseil suprême lance un appel solennel à la Première ministre Judith Suminwa Tuluka : se défaire des « logiques politiciennes » pour assumer pleinement son rôle de coordination gouvernementale. L’enjeu est de taille : impulser une dynamique réformatrice crédible dans un pays enlisé dans les crises multiformes. La balle est désormais dans le camp de l’exécutif, sommé de démontrer que cette reconduction ministérielle n’est pas le présage funeste d’une nouvelle ère d’immobilisme.
Alors que le gouvernement Suminwa II entre en fonction, une question cruciale plane : ces critiques féroces de la société civile constitueront-elles un électrochape salutaire ou se perdront-elles dans le désert de l’indifférence politique ? La réponse déterminera si la RDC peut véritablement enclencher la transition vers une gestion publique vertueuse, fondée sur le mérite et l’efficacité plutôt que sur les calculs partisans.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net