Les représentants de la République démocratique du Congo et du Rwanda ont franchi une étape décisive dans la mise en œuvre de leur accord de paix historique. Les 7 et 8 août 2025, ils ont activé pour la première fois le Mécanisme conjoint de coordination de la sécurité RDC-Rwanda lors d’une réunion tenue au siège de l’Union africaine à Addis-Abeba. Cette rencontre stratégique, supervisée par des observateurs américains, qataris et africains, marque un tournant dans les relations entre les deux voisins des Grands Lacs.
Conformément au communiqué du Département d’État américain publié le 9 août, ce mécanisme constitue la pierre angulaire opérationnelle de l’accord signé à Washington le 27 juin dernier. Sa mission centrale ? Pilotée la neutralisation des FDLR tout en orchestrant le désengagement progressif des forces rwandaises. Comment garantir que ce processus complexe évitera les écueils du passé ? La réponse réside dans son architecture unique : un cadre institutionnel permanent où Kinshasa et Kigali partageront en temps réel renseignements et données sécuritaires.
Durant ces deux jours de travaux, les délégations ont adopté le mandat régissant les futures sessions du mécanisme. Les discussions techniques ont porté sur la traduction concrète des clauses de l’accord, notamment le calendrier de démobilisation des combattants et les modalités de vérification transfrontalière. La présence des garants internationaux – États-Unis, Qatar et Union africaine – n’est pas symbolique. Elle vise à « garantir une mise en œuvre efficace, efficiente et impartiale » selon les termes officiels, créant ainsi un filet de sécurité diplomatique contre d’éventuels blocages.
Cette réunion d’Addis-Abeba s’inscrit dans un contexte régional encore fragilisé par des décennies de tensions. Le choix du siège de l’UA comme hôte n’est pas anodin : il souligne le rôle pivot de la diplomatie Union africaine dans ce processus. Les observateurs notent que la reconnaissance mutuelle exprimée par les deux parties envers les médiateurs constitue un signal politique fort. Peut-on y voir l’amorce d’une confiance restaurée ? Les prochaines semaines apporteront des éléments de réponse concrets, lorsque les premières mesures opérationnelles seront déployées sur le terrain.
Les enjeux dépassent largement le cadre bilatéral. La réussite de ce Mécanisme sécurité RDC-Rwanda conditionne la stabilité de toute l’Afrique centrale. Une neutralisation durable des FDLR réduirait considérablement les foyers d’instabilité dans l’est congolais, tandis qu’un désengagement rwandais vérifiable apaiserait les craintes de Kinshasa. Les experts soulignent toutefois que l’architecture mise en place reste vulnérable aux aléas politiques. La prochaine session du mécanisme, dont la date n’est pas encore fixée, devra transformer les engagements d’Addis-Abeba en actions mesurables.
Cette réunion Addis-Abeba sécurité illustre une évolution notable : après des mois de tensions ouvertes, RDC et Rwanda privilégient désormais le dialogue structuré sous égide multilatérale. Reste à savoir si ce cadre résistera aux réalités du terrain, où groupes armés et intérêts économiques entretiennent une conflictualité latente. La communauté internationale, par la voix des États-Unis, a salué « les efforts conjoints » des parties, mais l’épreuve décisive commencera lorsque les premiers soldats quitteront leurs positions défensives.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net