La plume tremble d’émotion et d’urgence. Quand Niamba Malafi s’adresse à Grace Emie Kutino, nouvelle ministre de la Jeunesse et de l’Éveil patriotique, c’est toute une génération qui parle à travers lui. « Madame la Ministre, notre pays saigne de ses forces vives », écrit l’observateur culturel dans sa missive poignante, dépeignant l’amère réalité de milliers de jeunes diplômés fuyant quotidiennement la RDC. Cette fuite des cerveaux n’est pas qu’une statistique : c’est l’exil du rêve congolais incarné.
Comment en sommes-nous arrivés là ? La question résonne dans les ruelles de Kinshasa comme dans les campus de Lubumbashi. Chaque valise chargée à l’aéroport de N’djili emporte un peu plus que des effets personnels : elle transporte l’énergie, la créativité et le savoir-faire qui auraient dû fertiliser le sol congolais. L’exode des jeunes diplômés en RDC atteint des proportions alarmantes, vidant le pays de ses talents les plus prometteurs. Jusqu’à quand le Congo pourra-t-il se priver de ses forces vives ?
L’auteur rappelle avec force l’héritage du pasteur Kutino Fernando, père de la ministre, dont le cri « Sauvons le Congo » résonna jadis comme un appel prophétique. Aujourd’hui, cet héritage se transforme en mandat concret : « Il ne s’agit pas seulement de former des jeunes compétents, mais des jeunes conscients, capables de refuser la corruption, de défendre l’unité et de porter haut l’étendard de notre dignité ». L’éveil patriotique au Congo doit désormais se matérialiser en politiques palpables.
Le diagnostic de Malafi est sans appel : la politique jeunesse en RDC nécessite une refonte radicale. Il plaide pour des « espaces de formation de qualité », un soutien accru à l’entrepreneuriat local et un appui déterminé aux initiatives culturelles. Mais surtout, il insiste sur la restauration de la confiance dans les institutions, clé de voûte pour retenir les talents. Sans cette confiance, toutes les initiatives risquent de se heurter au mur du cynisme ambiant.
La charge émotionnelle culmine dans l’appel en lingala : « Grâce, kobosana te… Papa alobaki ; Sauvons le Congo ». Cette interpellation vibrante résume le défi : transformer l’héritage paternel en feuille de route gouvernementale. Le nouveau ministère se doit d’être une « maison d’espérance » où chaque jeune, de Goma à Kisangani, trouvera sa place dans la reconstruction nationale.
La balle est désormais dans le camp de Grace Kutino. Sa nomination survient à un moment charnière où la fuite des cerveaux menace les fondements mêmes du développement congolais. Les solutions existent : valorisation des compétences locales, création d’écosystèmes innovants, lutte contre la corruption qui décourage les talents intègres. Mais elles exigent une volonté politique inébranlable et une connexion authentique avec les aspirations de la jeunesse.
L’enjeu dépasse la simple politique jeunesse au Congo. Il touche à la survie même du projet national congolais. Comme le souligne amèrement Malafi, chaque jeune qui traverse la frontière emporte avec lui un fragment de l’avenir du pays. Inverser cette tendance n’est pas qu’une priorité ministérielle : c’est un impératif de souveraineté. Le véritable éveil patriotique commencera quand les diplômés congolais croiront davantage aux opportunités de leur pays qu’aux mirages de l’exil.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Eventsrdc
