Dans un geste politique tant attendu, le Premier ministre Judith Suminwa a levé le voile sur son gouvernement aux premières lueurs du 8 août 2025. Cette publication met fin à des mois de tractations opaques et dévoile une architecture de pouvoir où l’opposition fait une entrée remarquée. La composition gouvernement RDC 2025, avec ses 45 portefeuilles, dessine-t-elle une stratégie d’unité nationale ou un calcul tactique préélectoral ?
Le casting révèle des choix audacieux : Jean-Pierre Bemba, figure tutélaire du MLC, hérite des Transports tandis qu’Adolphe Muzito, ex-Premier ministre et pilier de l’opposition, se voit confier le Budget. Cette intégration d’acteurs historiquement hostiles au pouvoir actuel interroge. Judith Suminwa joue-t-elle l’apaisement ou neutralise-t-elle ses adversaires en les absorbant ? La présence de Guy Kabombo Mwadiamvita à la Défense et de Daniel Mukoko à l’Économie suggère un maintien des piliers sécuritaires et financiers, mais l’arrivée de nouveaux ministres RDC comme Raïssa Malu (Éducation) ou Louis Watum (Mines) indique un renouvellement générationnel.
L’analyse de la liste ministres Suminwa révèle des équilibres subtils. Le clan présidentiel conserve des postes-clés : Patrick Muyaya garde la Communication, et Didier Budimbu les Sports. Pourtant, l’attribution des Hydrocarbures à Acacia Bandubola, proche des milieux d’affaires, et des Finances à Doudou Fwamba, technocrate reconnu, semble répondre aux pressions internationales pour une gouvernance crédible. L’opposition gouvernement RDC obtient-elle là des postes symboliques ou de réelle influence ? La nomination d’Ève Bazaïba aux Affaires sociales, après son passage contesté à l’Environnement, suscite déjà des interrogations.
Les défis immédiats s’amoncellent : relance économique, réforme électorale, et pacification de l’Est. La cohabitation entre anciens rivaux au sein du gouvernement Suminwa II tiendra-t-elle face à ces dossiers explosifs ? Guillaume Ngefa à la Justice devra trancher des dossiers sensibles, tandis que Marie Nyange à l’Environnement hérite du dossier brûlant de la déforestation. Cette équipe plurielle parviendra-t-elle à dépasser les clivages pour répondre aux attentes sociales ?
À l’heure où les observateurs décryptent chaque nomination, un enjeu majeur émerge : la gestion des prochaines échéances électorales. Avec Guy Loando aux Relations avec le Parlement, le pouvoir mise sur un fin connaisseur des arcanes législatives. Mais la présence de Jean-Pierre Lihau à la Fonction publique, garant des nominations administratives, risque d’attiser les tensions. Cette équipe d’apparence hétéroclite devra rapidement faire ses preuves sous le regard d’une population impatiente et d’une communauté internationale sceptique. Le temps de l’action a sonné pour Suminwa II, mais sa majorité composite résistera-t-elle aux premiers orages politiques ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net