Alors que les violences basées sur le genre persistent dans l’est de la RDC, une lueur d’espoir émerge à Beni où une cinquantaine d’étudiants de l’Institut supérieur de commerce (ISC) viennent de participer à une session innovante de sensibilisation masculinité positive. Organisée mercredi 6 août par la police des Nations Unies (UNPOL) en partenariat avec l’ONG Tendo la Roho, cette formation s’inscrit dans une stratégie plus large de prévention VBG Beni ciblant spécifiquement la jeunesse estudiantine.
Comment transformer les mentalités dès le berceau de la future élite congolaise ? La réponse passe par des interventions ciblées comme cette formation genre ISC qui a abordé sans détour les concepts du genre, les mécanismes de prévention des VBG et les dangers de la sexualité non consentie. Pour Esaïe Paluku, président des étudiants, cette initiative arrive à point nommé : “Nous vivons ces violences au quotidien, souvent commises par des jeunes. En tant que leaders de demain, nous voulons nous engager pour y mettre fin”. Un témoignage qui souligne l’urgence d’agir directement au sein des campus universitaires.
Les facilitateurs, dont des spécialistes de la police de protection de la femme et de l’enfant, ont insisté sur un aspect souvent négligé : la nécessité de dénoncer toutes les formes de violences basées genre étudiants, y compris les abus psychologiques et les stéréotypes sexistes qui préparent le terrain aux agressions plus graves. Cette approche holistique marque une évolution dans les stratégies de prévention, reconnaissant que le combat contre les VBG commence bien avant les actes criminels.
Mais une session unique suffit-elle à changer des comportements profondément enracinés ? Le président estudiantin lui-même plaide pour la pérennisation de ces initiatives : “Ces formations sans tabou sont des opportunités rares qu’il faut étendre à toutes les institutions supérieures”. Un appel qui résonne particulièrement dans une région où les conflits armés exacerbent les violences contre les femmes.
L’implication de l’ONG Tendo la Roho, structure locale bien implantée, garantit une continuité essentielle au succès de ce projet. En associant expertise internationale et connaissance du terrain, ce partenariat pourrait servir de modèle pour d’autres villes congolaises confrontées aux mêmes défis. La session s’est conclue sur un engagement collectif des participants à devenir des ambassadeurs de la masculinité positive dans leurs cercles sociaux.
Alors que la RDC continue de lutter contre l’épidémie de violences sexuelles, cette initiative démontre que l’éducation des jeunes hommes reste un pilier incontournable de toute stratégie durable. Si les graines plantées à l’ISC Beni germent, elles pourraient inspirer une nouvelle génération de congolais engagés pour l’égalité réelle entre les genres. L’enjeu dépasse les murs de l’université : il s’agit ni plus ni moins de reconstruire le tissu social sur des bases respectueuses et équitables.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net