Le football palestinien vient de perdre l’une de ses plus brillantes étoiles. La Fédération de football de Palestine a confirmé ce mercredi 6 août la mort tragique de Suleiman al-Obeid, ancien capitaine des ‘Lions de Canaan’, fauché par une attaque israélienne dans la bande de Gaza. Un coup de sifflet final aussi brutal qu’injuste pour ce père de cinq enfants, tué alors qu’il attendait une aide humanitaire vitale.
Qui était cette ‘Perle noire’ du football palestinien ? Né le 24 mars 1984 à Gaza, Suleiman al-Obeid a marqué toute une génération de supporters. Surnommé tour à tour ‘Gazelle’, ‘Pelé local’ ou ‘Thierry Henry palestinien’, ce milieu offensif a écrit sa légende sur les terrains poussiéreux du camp d’al-Shati. Sa carrière fulgurante démarre au Khadamat Al-Shatea, son club formateur, avant une transfère remarqué au Markaz Shabab al-Am’ari en Cisjordanie où il décroche le titre national en 2011.
Buteur prolifique, al-Obeid comptabilise plus de 100 réalisations au cours de sa carrière ! Un chiffre qui le place parmi les attaquants les plus redoutables de l’histoire du football palestinien. Sous le maillot national – 18 sélections selon Transfermarkt, 24 d’après la fédération – il a offert des moments de grâce, comme son mythique but en ciseaux face au Yémen en 2010. Retourné à ses racines au Khadamat après un passage au Gaza Sport, il remporte deux fois de suite le titre de meilleur buteur du championnat en 2016 et 2017.
Sa disparition plonge le monde du sport gazaoui dans une nouvelle vague de deuil. Depuis le 7 octobre 2023, le football palestinien saigne : au moins 321 footballeurs et entraîneurs ont péri sous les bombardements selon les derniers décomptes officiels. Un chiffre glaçant qui dépasse les 800 victimes dans l’ensemble de la communauté sportive locale. Chaque tir, chaque explosion emporte non seulement des vies mais aussi des décennies de passion et de talent.
La nouvelle de sa mort, relayée par la Fédération palestinienne puis confirmée sur les réseaux sociaux, a provoqué une vague d’émotion internationale. Le tweet d’Ahmd Saleh montrant l’ancien capitaine accompagné du message ‘Légende du football de Gaza’ a été partagé des milliers de fois, hommage numérique à un héros du ballon rond. Dans les ruines de Gaza, où les stades sont transformés en abris de fortune, la disparition de Suleiman al-Obeid symbolise l’écrasement systématique d’une culture sportive entière.
Comment le football peut-il survivre quand ses artisans tombent un à un ? Al-Obeid rejoindra-t-il le panthéon des martyrs du sport, ces athlètes dont la seule faute fut de naître dans une zone de guerre ? Alors que la communauté internationale semble paralysée, les ‘Lions de Canaan’ ont perdu leur rugissement. Reste une question lancinante : combien de ballons devront encore s’arrêter de rouler avant que le monde n’entende enfin les cris de Gaza ?
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: mediacongo.net