Dans un communiqué rendu public ce jeudi, la Kamoto Copper Company (KCC) a fermement démenti toute intention de céder des sites d’exploitation minière artisanale dans la province du Lualaba. Cette clarification intervient alors que circulaient des informations faisant état d’un désengagement partiel de l’entreprise sur son périmètre minier. Quelle est donc la réalité derrière ces déclarations contradictoires qui agitent le secteur minier congolais ?
KCC, pilier économique du Lualaba où elle agit à la fois comme principal employeur, contributeur fiscal et acteur communautaire, réaffirme sa volonté de maintenir ses opérations sur l’ensemble de ses concessions. « Nous avons l’intention de continuer à jouer pleinement notre rôle en exploitant l’ensemble de nos permis miniers », souligne le communiqué. Cette position ferme tranche avec les rumeurs de fragmentation de ses actifs miniers.
Néanmoins, l’entreprise reconnaît un mouvement significatif dans son portefeuille minier. Lors du récent processus de renouvellement de ses titres miniers en 2024, KCC a officiellement rétrocédé trois permis spécifiques – identifiés comme PE 4960, PE 11601 et PE 4963 – au Cadastre Minier de la RDC. Cette rétrocession de permis miniers place désormais ces actifs sous contrôle étatique exclusif, l’État congolais détenant toute latitude pour leur réattribution future.
Cette décision stratégique soulève plusieurs interrogations sur l’évolution du paysage minier au Lualaba. Le retour de ces concessions dans le giron public pourrait-il ouvrir la voie à une diversification des opérateurs dans cette région riche en cuivre et cobalt ? La gestion par le cadastre minier Congo de ces actifs stratégiques constituera un test décisif pour la transparence des procédures d’attribution, dans un secteur souvent critiqué pour son opacité.
Sur le plan économique, cette reconfiguration intervient à un moment charnière où la RDC cherche à maximiser les retombées de ses ressources minières. La concentration des investissements sur les permis conservés par KCC pourrait se traduire par une intensification des activités industrielles sur les sites restants. À l’inverse, les permis rétrocédés pourraient devenir l’objet d’appétits divers, allant de sociétés juniors à des coopératives artisanales, sous réserve des décisions du cadastre minier.
Le communiqué KCC ne précise pas les motivations exactes derrière cette rétrocession sélective, mais plusieurs experts évoquent des considérations techniques ou économiques liées à la viabilité opérationnelle de ces périmètres. Cette décision illustre les réajustements permanents qui traversent le secteur minier congolais, tiraillé entre impératifs industriels et pressions sociales.
À terme, l’impact sur l’emploi et les recettes fiscales provinciales dépendra largement du calendrier et des modalités de réattribution par les autorités minières. Le Lualaba, cœur battant de l’exploitation minière congolaise, se trouve ainsi au centre d’un rééquilibrage discret mais potentiellement lourd de conséquences pour son développement économique.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd