Dans un communiqué officiel diffusé ce jeudi, la Kamoto Copper Company (KCC) a fermement démenti toute intention de céder des sites d’exploitation minière artisanale dans la province du Lualaba. Cette clarification intervient alors que circulaient des rumeurs persistantes sur un désengagement partiel de l’entreprise dans cette région stratégique, cœur battant du secteur minier congolais. KCC réaffirme son rôle d’acteur économique majeur au Lualaba, soulignant son statut de premier employeur local, de contribuable essentiel et de partenaire communautaire engagé.
Néanmoins, la société a reconnu un fait d’importance : lors du processus de renouvellement de ses permis miniers en 2024, trois titres spécifiques – identifiés sous les références PE 4960, PE 11601 et PE 4963 – ont été formellement retournés au Cadastre Minier de la RDC. Cette rétrocession place désormais ces concessions sous l’autorité exclusive de l’État congolais, seul habilité à décider de leur future attribution. Cette décision soulève d’importantes questions : quelles seront les conséquences pour l’économie locale et la stabilité du secteur minier à Kolwezi ?
Le contexte de cette rétrocession mérite analyse. Le secteur minier congolais, pilier de l’économie nationale représentant près de 30% du PIB, navigue dans une période de réformes structurelles. Le Cadastre Minier (CAMI), gardien des titres miniers, voit ainsi son rôle central confirmé dans la gestion de ces actifs stratégiques. La rétrocession des permis PE 4960, PE 11601 et PE 4963 illustre les ajustements opérationnels que les grands acteurs comme KCC doivent opérer face à l’évolution du cadre légal. Cette situation crée une zone d’incertitude quant à l’exploitation minière sur ces périmètres désormais vacants.
Économiquement, ce transfert de propriété pourrait avoir des répercussions en cascade. D’un côté, l’État congolais acquiert un levier supplémentaire pour orienter la politique minière dans le Lualaba, région produisant 70% du cuivre national. La réattribution de ces permis pourrait servir de test pour les nouvelles orientations gouvernementales en matière de transparence et de valorisation des ressources. De l’autre, les communautés locales s’interrogent légitimement sur l’impact en termes d’emplois et de retombées socio-économiques. KCC, par son ancrage historique, représentait un gage de stabilité industrielle ; son retrait partiel crée un vide que devront combler les futurs opérateurs.
Cette situation souligne les défis persistants de gouvernance dans la gestion des permis miniers en RDC. Entre 2020 et 2023, le Cadastre Minier a enregistré près de 15% de rétrocessions similaires, selon ses rapports officiels. Le cas des trois permis de KCC s’inscrit dans cette dynamique plus large de rationalisation des titres miniers. Certains experts y voient une opportunité pour l’État de renégocier les termes de l’exploitation, potentiellement en faveur d’entreprises nationales. D’autres alertent sur les risques de fragmentation opérationnelle pouvant affecter la productivité globale du bassin minier du Lualaba.
L’avenir de ces périmètres miniers orphelins dépendra désormais des décisions du Cadastre Minier. Plusieurs scénarios sont envisageables : une nouvelle attribution à un opérateur industriel, un redécoupage en concessions plus petites, voire une intégration dans le régime d’exploitation artisanale semi-mécanisée. Quelle que soit l’issue, elle devra concilier impératifs économiques et équilibres sociaux dans une province où le secteur minier fait vivre directement ou indirectement plus de 60% des ménages. La crédibilité du processus de réattribution sera scrutée comme un indicateur clé de la maturité institutionnelle congolaise en matière de gouvernance minière.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd