Le gouverneur militaire du Nord-Kivu a émis un avertissement ferme contre les organisateurs de la journée ville morte prévue ce jeudi 7 août à Beni. Cette mesure intervient en réponse à des appels lancés sur les réseaux sociaux par des mouvements citoyens dénonçant les tracasseries des services de sécurité et la non-prise en charge des familles des militaires déployés dans le Petit Nord.
Le lieutenant Marc Elongo, porte-parole militaire, a confirmé que l’autorité provinciale cible ceux qui « manipulent l’opinion publique ». Dans un communiqué officiel, le général-major Evariste Somo Kakule accuse les instigateurs d’agir « au service de l’ennemi ». Comment justifier de telles manifestations alors que la région vit sous état de siège depuis des mois ?
La population de Beni est invitée à rejeter ces appels à la protestation. Un appel au calme a été lancé, assorti d’une mise en garde contre les « personnes de mauvaise foi ». L’autorité militaire souligne que toute action perturbant l’ordre public sera réprimée avec la rigueur de la loi. Les services de sécurité ont reçu l’instruction d’intervenir sans complaisance contre les récalcitrants.
Cette crise survient dans un contexte sécuritaire déjà tendu au Nord-Kivu. Les tracasseries routières et les exactions attribuées à certains éléments des forces de l’ordre alimentent un mécontentement croissant. Pourtant, le gouverneur militaire insiste sur l’impératif de soutenir le chef de l’État dans ses efforts pour rétablir la paix. Un patriotisme affiché serait-il la clé pour sortir de l’impasse ?
L’ordonnance instaurant l’état de siège est invoquée pour légitimer ces restrictions. Le lieutenant Elongo a rappelé que toute incitation à la désobéissance civique constitue une infraction passible de sanctions sévères. Des patrouilles militaires renforcées sont attendues dans les rues de Beni jeudi pour prévenir tout rassemblement.
En toile de fond, la question des dépendants des militaires reste non résolue. Ces familles, venues des zones de combat du Petit Nord, vivent dans des conditions précaires. Leur situation illustre-t-elle les défaillances structurelles du système de sécurité ? Malgré les dénonciations, aucune mesure concrète n’a encore été annoncée pour améliorer leur sort.
L’exhortation finale du gouverneur à l’unité nationale sonne comme un rappel à l’ordre. La population est sommée de faire bloc derrière les autorités plutôt que de contester leurs méthodes. Dans cette partie instable de la RDC, le choix entre protestation légitime et stabilité imposée demeure un dilemme douloureux. La journée de jeudi révèlera-t-elle l’efficacité de cette stratégie autoritaire ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net