Dans un contexte d’urgence urbaine croissante, le gouverneur de Kinshasa Daniel Bumba Lubaki a convoqué ce mercredi les dirigeants fraîchement nommés des régies financières et services publics. Cette réunion de cadrage, tenue à l’hôtel de ville, visait à imposer une feuille de route drastique face à la déliquescence des infrastructures kinoises. L’autorité provinciale, martelant le caractère crucial des prochains mois, a dressé un constat sans concession : l’échec n’est plus une option.
« Si vous ne jouez pas votre rôle comme il se doit, nous ne pourrons pas relever les innombrables défis auxquels fait face notre ville », a lancé Bumba, le ton empreint d’une fermeté inhabituelle. Le gouverneur, citant nommément les défis assainissement Kinshasa et la gestion chaotique des déchets, a placé la barre très haut pour ces nouveaux responsables. Comment ignorer l’ironie d’une telle injonction alors que les montagnes d’ordures dans les artères principales offrent un démenti quotidien aux promesses officielles ?
Trois priorités absolues émergent de cet échange : la relance des services publics urbains, une mobilisation agressive des recettes, et une transparence totale dans la gestion financière. La population kinoise, lasse des coupures d’eau et des routes impraticables, attend désormais des actes. Le gouverneur a-t-il enfin pris la mesure de l’exaspération citoyenne ? Son appel à « jouer sa partition dans l’harmonie » sonne comme un aveu implicite des dysfonctionnements passés des régies financières.
L’accent mis sur la performance marque un virage stratégique de l’exécutif provincial. Daniel Bumba lie explicitement la survie politique de son administration aux résultats concrets de ces régies. « Kinshasa a besoin de nous et des actions fortes », a-t-il insisté, transformant cette passation en ultimatum. Une manière habile de rejeter à l’avance toute responsabilité en cas de nouvel échec ?
Derrière les discours sur la rigueur et le service public, se profile l’enjeu financier crucial. Les régies financières kinoises, véritables poumons économiques de la mégapole, sont sommées d’optimiser leur collecte. Le gouverneur sait bien que sans ressources, aucun projet d’envergure ne verra le jour. Mais comment concilier pression fiscale accrue et acceptation sociale dans une capitale où le pouvoir d’achat s’érode ?
La crédibilité de Daniel Bumba se jouera désormais sur ce terrain miné. Si les nouveaux responsables échouent à assainir littéralement et figurativement la gestion urbaine, le gouverneur pourrait bien voir sa majorité politique se déliter aussi vite que les trottoirs de la capitale. L’heure n’est plus aux diagnostics mais aux remèdes tangibles : les Kinois comptent les jours avant de voir leurs ordures disparaître.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd