Imaginez 5 000 enfants contraints d’abandonner leur scolarité en pleine année. Ce drame frappe le groupement de Mwenye, en territoire de Lubero, où les attaques répétées des rebelles ADF depuis janvier ont transformé les salles de classe en zones de combat. Comment bâtir l’avenir d’une région quand l’éducation devient un champ de bataille ?
Derrière les chiffres, une réalité brutale : plus d’une dizaine d’établissements scolaires ont fermé leurs portes dans la chefferie des Baswagha, poussant élèves et enseignants à fuir vers Butembo ou Lubero-Centre. Prince Kasyano, président du conseil local de la jeunesse, décrit une double peine : « Après les grèves enseignantes, l’insécurité a provoqué des vagues de déplacements. Les parents cultivateurs ne peuvent plus accéder aux champs, aggravant la précarité ». Cette insécurité éducation en RDC crée une génération sacrifiée, où les enfants déscolarisés du Nord-Kivu grandissent dans l’angoisse.
Les attaques ADF contre les écoles de Lubero ont un coût psychologique invisible. « Les jeunes sont profondément affectés », insiste Kasyano, réclamant urgemment le déploiement des FARDC et l’éloignement des positions Wazalendo près des écoles de Ngere ou Manderya. Sans protection militaire, comment rouvrir les salles de classe ? La fermeture des écoles à Mwenye illustre un phénomène plus large : selon l’UNICEF, près de 250 écoles ont été ciblées par des groupes armés dans l’Est congolais ces deux dernières années.
Malgré ce chaos, une lueur d’espoir : l’inspection provinciale de l’EPST a assuré que tous les finalistes des zones touchées ont pu composer leur Examen d’État dans des centres délocalisés. Une organisation d’urgence qui ne masque pas l’urgence criante. Les déplacés scolaires de Lubero pourront-ils retrouver leurs bancs en septembre ? La réponse dépendra de la sécurisation de ces villages oubliés, où l’éducation reste le premier rempart contre l’obscurantisme.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net