Une vague de terreur a submergé Komanda dans la nuit du 26 au 27 juillet. Des combattants des Forces démocratiques alliées (ADF) ont transformé une paroisse catholique en abattoir. Selon Human Rights Watch, près de cinquante civils ont péri sous les coups de machettes et les balles. Parmi eux, plusieurs enfants dont les corps gisaient au petit matin.
L’organisation internationale décrit une scène d’horreur méthodique. Vers 1 heure, les assaillants ont encerclé le bâtiment où dormaient des fidèles venus pour une célébration religieuse. « Ils nous ont ordonné de nous asseoir avant de frapper à la nuque avec des objets lourds », raconte un rescapé à HRW. Les cris ont déchiré la nuit tandis que les machettes s’abattaient.
« Les meurtres commis dans cette église révèlent une brutalité incompréhensible. Le massacre de Komanda souligne l’échec criant de la protection des civils », dénonce Clémentine de Montjoye, chercheuse de HRW pour les Grands Lacs.
Le bilan officiel reste lourd d’incertitudes. La paroisse évoque 33 morts immédiats. La MONUSCO confirme au moins 43 victimes dont neuf enfants. Neuf blessés survivent avec des traumatismes physiques et psychologiques. Plus troublant encore : neuf enfants âgés de 7 à 14 ans ont été enlevés. Certains otages auraient réussi à s’échapper selon des sources locales.
L’onde de violence s’est propagée dans Komanda. Cinq civils supplémentaires ont été exécutés dans la ville. Des flammes ont dévoré maisons et kiosques. Des vidéos géolocalisées par HRW montrent encore les bâtiments calcinés près de l’église. Une route principale transformée en paysage de cendres.
Cette tuerie pose une question cruciale : pourquoi l’état de siège instauré depuis avril 2021 en Ituri et au Nord-Kivu n’a-t-il pas empêché ce carnage ? Les forces armées congolaises (FARDC) et la MONUSCO sont clairement pointées du doigt. Leur réponse sécuritaire apparaît défaillante face à la mobilité des groupes armés.
L’opération militaire conjointe « Shujaa » avec l’Ouganda n’a pas infléchi la menace. Malgré son intensification début 2025, l’ONU reconnaît son inefficacité à protéger les populations. Les ADF continuent leurs raids meurtriers en toute impunité. Combien de Komanda faudra-t-il encore déplorer ?
Pire : l’état d’exception sert parfois de prétexte à des dérives autoritaires. Des sources locales dénoncent des restrictions aux libertés fondamentales. Arrestations arbitraires de journalistes, répression de manifestations pacifiques… La sécurité se paierait-elle au prix des droits humains ?
Human Rights Watch exige des actions concrètes : renforcement urgent des dispositifs de protection, enquêtes indépendantes et poursuites judiciaires contre les responsables. La communauté internationale reste silencieuse tandis que l’Est congolais sombre dans une violence chronique. Jusqu’à quand ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd