Les territoires congolais de Walikale et Masisi retiennent leur souffle. Une accalmie précaire s’est installée depuis lundi 4 août 2025 sur les lignes de front du conflit Nord-Kivu. Pourtant, cette apparente trêve dissimule une tension sécuritaire palpable, prélude possible à de nouveaux affrontements.
Plus un seul coup de feu n’a été signalé entre les rebelles de l’AFC/M23 et les forces gouvernementales soutenues par les wazalendo. Du secteur d’Osso Banyungu à Kasopo, en passant par Showa, le silence des armes s’est imposé. Même constat dans le secteur de Katoy où Ndete et Ngululu observent cette pause inattendue. Dans le territoire de Walikale, les localités de Mpety, Buhimba, Chanjikiro et Rusamambu respirent temporairement. Le dernier échange d’artillerie remonte à la semaine précédente.
Mais cette accalmie Masisi-Walikale reste trompeuse. Les positions militaires n’ont pas bougé d’un pouce. Chaque camp consolide ses dispositifs défensifs dans une course contre la montre. Des sources locales rapportent des mouvements nocturnes de troupes et de ravitaillement. Cette activité fébrile laisse présager un regain imminent des combats dans ce conflit Nord-Kivu qui n’en finit pas.
Les habitants, pris en étau, parlent d’une paix armée. « La tension est comme un fil électrique tendu à craquer », confie un notable de Ngululu sous couvert d’anonymat. Les populations redoutent l’explosion violente qui pourrait survenir à tout moment. Cette situation AFC/M23 Walikale génère un exode continu. Des familles entières fuient vers Goma ou Minova, alourdissant le bilan des déplacés RDC.
Les conséquences humanitaires s’aggravent. Plus de 12 000 nouveaux déplacés ont été enregistrés ces quinze derniers jours selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires. Les centres d’accueil atteignent leur capacité maximale. Cette instabilité chronique paralyse les récoltes, faisant craindre une crise alimentaire aiguë dans les prochaines semaines.
Pourquoi cette trêve soudaine dans un conflit Nord-Kivu habituellement sans répit ? Plusieurs hypothèses circulent. Épuisement des munitions ? Négociations souterraines ? Simple réorganisation tactique ? Les observateurs militaires penchent pour la dernière option. Les renforts observés dans les deux camps indiquent une préparation à l’offensive. La communauté internationale reste étrangement silencieuse face à cette poudrière.
Les déplacés RDC interrogés dans les camps de Kitchanga expriment un scepticisme amer. « C’est le calme avant la tempête », résume Kavira, mère de six enfants. Leur crainte principale : un nouvel embrasement plus destructeur que les précédents. Les blessés des derniers affrontements peuplent encore les centres de santé surchargés.
Cette tension sécuritaire pernicieuse bloque toute activité économique. Les marchés de bétail à Masisi-centre restent déserts. Les routes commerciales vers Walikale sont coupées. Le prix des denrées de base a flambé de 70% en une semaine. Cette paralysie économique frappe surtout les femmes et enfants, premières victimes collatérales.
La trêve actuelle tient-elle à un équilibre de la terreur ? Les positions fortifiées des belligérants se font face comme deux boxeurs au repos entre deux rounds. Le moindre incident pourrait déclencher l’affrontement final. Les wazalendo, déterminés mais mal équipés, surveillent chaque mouvement suspect. Leurs postes d’observation fonctionnent jour et nuit.
Cette accalmie Masisi ressemble à un leurre dangereux. Sous les apparences du calme, la machine de guerre huile ses rouages. Les déplacés RDC continuent d’affluer, anticipant l’inévitable. Combien de temps cette paix fictive peut-elle durer ? La réponse pourrait venir avant la fin du mois, au rythme où se déploient les renforts. Le Nord-Kivu retient son souffle, conscient que l’explosion viendra. Quand ? Personne ne peut le prédire.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd