La province du Maniema fait face à une épidémie choléra Maniema particulièrement virulente, avec un taux de létalité dépassant le seuil critique de 2%. Ce chiffre, qualifié de « préoccupant » par les autorités, a déclenché le déploiement immédiat d’une délégation conjointe du ministère de la Santé et de l’UNICEF à Kindu. Cette mission UNICEF RDC vise à mettre en œuvre un plan prévention choléra d’urgence pour stopper l’hémorragie sanitaire.
Mais pourquoi cette flambée épidémique devient-elle si meurtrière ? Selon Annie Mutombo, épidémiologiste chevronnée, ce taux létalité choléra élevé pourrait résulter d’une double faiblesse : une communication inefficace au sein des communautés isolées et une prise en charge médicale insuffisante. Imaginez un seau percé : malgré les efforts, l’eau s’échappe si les fissures ne sont pas colmatées. C’est précisément ce cercle vicieux que la mission entend briser par des actions ciblées.
Le choléra, rappelons-le, est une infection bactérienne transmise par l’eau ou les aliments contaminés. Il provoque des diarrhées aqueuses brutales et des vomissements, menant à une déshydratation sévère en quelques heures. Sans traitement, un adulte peut perdre 10% de son poids corporel en liquides en une journée – l’équivalent de cinq bouteilles d’eau pour une personne de 70kg. Dans les zones reculées du Maniema, où l’accès aux centres de santé est limité, cette rapidité d’évolution devient mortelle.
L’intervention urgence choléra en cours repose sur trois piliers essentiels. Premièrement, le renforcement massif de la distribution de kits de réhydratation orale et de médicaments antibactériens dans les foyers épidémiques. Deuxièmement, un travail communautaire intensif avec l’appui des radios locales pour expliquer les gestes barrières : désinfection de l’eau par ébullition ou chloration, lavage des mains au savon, et reconnaissance précoce des symptômes. Troisièmement, des sessions de formation accélérée pour les responsables sanitaires locaux, car comme le souligne un médecin sur place : « Une solution de réhydratation bien administrée sauve plus de vies qu’un médicament coûteux mal utilisé ».
Ces mesures s’accompagnent d’une surveillance épidémiologique renforcée. Des équipes mobiles cartographient les nouveaux cas en temps réel, à la manière de pompiers traquant des braises pour éviter un nouvel incendie. L’objectif est clair : réduire de moitié le taux de mortalité actuel d’ici six semaines. Un défi colossal dans une province où seulement 30% de la population rurale a accès à des points d’eau potable.
Que peuvent faire les habitants face à cette menace ? Trois réflexes vitaux s’imposent : 1) Consommer uniquement de l’eau bouillie ou traitée, 2) Se laver systématiquement les mains avant de manger et après les toilettes, 3) Amener immédiatement toute personne diarrhéique au centre de santé le plus proche. Comme le rappelle un infirmier de Kindu : « Un sachet de sels de réhydratation coûte moins qu’une bière, mais il peut sauver toute une famille ».
Alors que la mission progresse, une question cruciale persiste : ces actions suffiront-elles à enrayer la propagation avant la saison des pluies qui aggrave traditionnellement les épidémies hydriques ? La réponse dépendra de la rapidité de déploiement des ressources et de l’appropriation communautaire des mesures préventives. Une certitude demeure : chaque heure compte dans cette course contre la montre sanitaire.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd