Après plus de quarante années de distance diplomatique, la République démocratique du Congo pose un pied historique en Amérique latine. Une mission gouvernementale de haut vol, conduite par la ministre d’État aux Affaires étrangères Thérèse Kayikwamba Wagner, effectue en ce moment même une tournée décisive en Uruguay, Argentine et Brésil. Du 3 au 13 août, cette délégation pluridisciplinaire entend réactiver des liens endormis et ouvrir une nouvelle ère de coopération Sud-Sud RDC. Mais pourquoi ce continent longtemps délaissé devient-il soudain une priorité stratégique pour Kinshasa ?
Cette initiative s’inscrit dans le cadre du redéploiement impulsé par la Première ministre Judith Tuluka, visant à diversifier les alliances internationales au-delà des circuits traditionnels. Le choix de l’Uruguay comme première étape officielle n’est pas anodin : ce pays symbolise les valeurs communes que la RDC souhaite mettre en avant. À Montevideo, Thérèse Kayikwamba Wagner a martelé une position claire : “L’Amérique latine n’est pas un continent lointain pour la RDC. C’est un espace d’opportunités stratégiques, avec lequel nous partageons des valeurs fortes : la solidarité des peuples, la souveraineté des ressources et la défense de la biodiversité”. Une déclaration qui résume l’ADN de cette mission diplomatique RDC Amérique latine.
Sur le fond, les négociations portent sur sept secteurs prioritaires identifiés comme complémentaires : la diplomatie bien sûr, mais aussi la défense nationale, l’environnement, le commerce extérieur, les échanges culturels, les transferts technologiques et les programmes de formation. Cette approche multidimensionnelle révèle une volonté de dépasser les simples accords économiques pour construire des partenariats internationaux RDC intégrés. La présence d’Ève Bazaiba Masudi, ministre de l’Environnement, et de Julien Paluku Kahongya, ministre du Commerce extérieur, dans la délégation souligne l’importance accordée aux enjeux écologiques et commerciaux.
Le contexte géopolitique actuel explique en partie cette offensive diplomatique. Alors que les équilibres mondiaux se recomposent, la RDC cherche à consolider son positionnement sur l’échiquier international en capitalisant sur des affinités historiques et structurelles avec l’Amérique du Sud. Les trois pays visités – Uruguay, Argentine, Brésil – présentent des similitudes frappantes avec le Congo : abondance en ressources naturelles, défis de développement équitable, et vulnérabilités face aux dérèglements climatiques. Ces réalités partagées pourraient faciliter la mise en place de mécanismes de coopération innovants.
La composition de la délégation congolaise témoigne du sérieux de cette démarche. Aux côtés de Thérèse Kayikwamba Wagner figurent notamment Guy Kabombo Mwadianvita, vice-premier ministre et ministre de la Défense, ainsi que Yolande Elebe Ma Ndembo, ministre de la Culture. Une telle concentration de décideurs clés suggère que ces relations RDC Uruguay Argentine Brésil pourraient déboucher sur des accords concrets avant la fin du séjour. Des sources diplomatiques évoquent déjà des projets conjoints dans la protection des bassins forestiers et la sécurisation minière.
Quelles retombées tangibles la RDC peut-elle espérer ? D’abord, un accès privilégié à des technologies agricoles et d’exploitation responsable des ressources où les pays latino-américains excellent. Ensuite, des débouchés commerciaux pour les produits congolais non-miniers dans un marché de près de 650 millions de consommateurs. Enfin, un renforcement du poids diplomatique du continent africain grâce à des alliances transversales Sud-Sud. Cette mission pourrait bien marquer un tournant dans la manière dont Kinshasa conçoit sa place dans la mondialisation.
Les observateurs notent toutefois que le succès de cette initiative dépendra de la capacité à transformer les déclarations d’intention en programmes structurés. La question des mécanismes de suivi et de financement des projets restera centrale dans les discussions à Buenos Aires et Brasilia. Une chose est certaine : en renouant après quatre décennies avec cette région du monde, la RDC envoie un signal fort sur sa volonté d’autonomie stratégique. Ce rééquilibrage des partenariats internationaux RDC pourrait inspirer d’autres nations africaines dans les mois à venir.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: mediacongo.net
