Une onde de choc traverse l’est de la République Démocratique du Congo alors que le Programme alimentaire mondial (PAM) lance un appel de détresse : 270 millions de dollars américains sont nécessaires d’urgence pour les six prochains mois. Sans cet appui vital, l’assistance alimentaire à des centaines de milliers de déplacés, déjà aux prises avec une insécurité alimentaire catastrophique, risque de s’effondrer. Imaginez : dans un pays où près de 28 millions de personnes suffoquent sous le poids de la faim, les humanitaires doivent désormais choisir qui nourrir…
La note rendue publique ce mardi 5 août par l’agence onusienne dépeint un tableau apocalyptique. Dans les provinces orientales, les populations sont prises en étau entre une recrudescence des conflits armés et l’effondrement de leurs moyens de subsistance. Cette combinaison toxique accélère les déplacements forcés tout en réduisant à néant les dernières résiliences. Comment survivre quand les champs deviennent des champs de bataille et les marchés, des lignes de front ?
Le chiffre donne le vertige : 27,7 millions de Congolais – soit un quart de la population – sont aujourd’hui en situation de faim aiguë, un triste record national. Pourtant, le PAM Congo voit ses mains liées par « des contraintes de ressources sans précédent ». L’agence est contrainte à un rationnement brutal : « des quantités réduites de nourriture » pour « seulement les personnes jugées les plus vulnérables ». Une sélection déchirante qui compromet l’impact même de l’aide humanitaire dans cette crise alimentaire RDC.
Les conséquences ? Un resserrement dramatique du filet de sécurité. D’ici octobre 2025, le PAM ne pourra atteindre que 1,3 million de personnes dans l’est du pays, alors que les besoins explosent. Chaque jour, de nouveaux déplacés Est Congo, chassés par les violences, viennent grossir les rangs des affamés. Ces « personnes nouvellement déplacées et récemment touchées par la crise » réclament une réponse urgente que l’agence ne peut plus leur offrir. Un cercle vicieux où l’aide court après la catastrophe sans jamais la rattraper.
Face à cette hémorragie, le PAM promet une révision mensuelle de ses opérations. L’objectif ? Optimiser chaque dollar grâce à un ciblage chirurgical basé sur « des données et des bases de preuves ». Mais cette rationalisation extrême ressemble à un pansement sur une artère ouverte. La RDC est désormais classée « point chaud de la faim de très haute préoccupation » par l’agence, avec une proportion alarmante de sa population en phase 4 du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) – le seuil d’urgence. Et le pire reste à venir : les projections indiquent une aggravation dans les mois prochains.
Cet appel fonds humanitaire résonne comme un ultime signal d’alarme. Derrière les chiffres – 270 millions USD – se cachent des visages : des enfants dont la croissance sera irrémédiablement affectée par la malnutrition, des femmes forcées de parcourir des kilomètres sous la menace des balles pour une poignée de farine, des communautés entières au bord du gouffre. Si la communauté internationale tarde à répondre, l’Est congolais risque de basculer dans une famine structurelle. La forêt équatoriale, poumon de l’Afrique, est aujourd’hui aussi le théâtre d’une agonie silencieuse. Combien de cris faudra-t-il encore entendre avant que l’action ne suive ?
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: Actualite.cd
