Dans un mouvement stratégique révélé ce mardi 5 août 2025 sur la RTNC, le Président Félix-Antoine Tshisekedi a procédé à une reconfiguration majeure des hauts échelons de l’Agence nationale des renseignements (ANR). Par ordonnance présidentielle, M. Kalala Musungu Théophile Charles hérite du département du service intérieur tandis que M. Piema Mikobi Gaston prend les rênes du service extérieur. Ces nominations ANR RDC interviennent au sein d’une structure récemment créée mais déjà vitale : le Département d’intelligence économique et financière (DIEF).
Ces administrateurs ANR Tshisekedi remplacent respectivement M. Mweze Kirembe Louis et M. Nyembo Tumba Augustin, dans un remaniement qui soulève des interrogations sur les orientations sécuritaires du régime. Le DIEF, inauguré en août 2024, ne se contente pas de collecter des données ; il incarne désormais le bras armé du renseignement financier Congo. Sa mission ? Traquer les flux d’argent suspects depuis les transactions bancaires jusqu’aux cryptomonnaies, dans un pays où les ressources naturelles alimentent trop souvent des circuits opaques.
Quelle portée réelle pour ce département intelligence économique ? Son mandat couvre la surveillance systématique des secteurs névralgiques : énergie, télécommunications, et surtout ce cyberespace où se joue une partie de la souveraineté nationale. Le DIEF se voit confier un pouvoir inédit : contrôler la gestion des deniers publics à un moment où la lutte contre la corruption devient un leitmotif présidentiel. Un défi de taille dans un État aux finances historiquement poreuses.
L’architecture organisationnelle dévoilée dans l’ordonnance révèle une ambition méthodique. Trois directions opérationnelles composeront ce service de renseignement financier Congo : la Direction des renseignements économiques pour le monitoring quotidien, la Direction des investissements et investigations chargée de la traque aux fraudes, et enfin la Direction des études et planifications économiques. Cette triade doit permettre une surveillance secteurs stratégiques RDC exhaustive, des mines du Katanga aux start-up technologiques de Kinshasa.
Mais cette nomination ANR RDC interroge sur l’équilibre des pouvoirs. En confiant à l’ANR un mandat aussi étendu sur la vie économique, le pouvoir exécutif ne risque-t-il pas d’instaurer une tutelle sécuritaire sur les entreprises ? Les observateurs notent que le DIEF pourra ausculter les transactions les plus sensibles, des paiements mobiles populaires dans les marchés congolais aux contrats miniers internationaux. Une prérogative qui frôle le contrôle économique intégral.
Le timing de ces nominations n’est pas anodin. Elles surviennent alors que la RDC négocie des partenariats critiques dans le secteur des batteries électriques et que les cyberattaques contre les institutions financières se multiplient. En plaçant des hommes de confiance à la tête de ce département intelligence économique, Tshisekedi semble vouloir verrouiller la gestion des ressources stratégiques à dix-huit mois de la fin de son mandat. Reste à savoir si ces administrateurs ANR Tshisekedi parviendront à concilier sécurité nationale et respect des libertés économiques – un exercice d’équilibriste dans un pays en quête de stabilité.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd