Le tronçon routier Mubanda-Miba, épine dorsale de plus de 100 kilomètres reliant Walikale à Goma, s’est transformé en couloir de l’angoisse. Des barrières illégales érigées par des groupes d’autodéfense paralysent la circulation. Les wazalendo, supposés protéger les populations, pratiquent désormais une extorsion systématique. Taximen moto et voyageurs sont saignés à blanc sur cette artère vitale du Nord-Kivu.
Le mécanisme est implacable. À chaque point de contrôle improvisé, la carte d’identité devient otage. « Sans argent, on ne franchit pas la barrière », confie un voyageur tremblant au parking de Walikale. Les sommes varient au gré des humeurs : jusqu’à 60.000 francs congolais extorqués par trajet. Qui oserait résister face à des hommes armés ?
Cette nouvelle forme d’insécurité routière en RDC crée un climat de terreur permanente. « Nous ne savons plus différencier nos protecteurs de nos bourreaux », déplore un taximan spécialisé dans le transport de bagages. Les wazalendo, censés contrer les menaces rebelles, reproduisent les mêmes méthodes que l’AFC/M23 qu’ils combattent. Les voyageurs sont pris en étau entre deux feux.
L’extorsion frappe même les marchandises. Chaque colis doit s’acquitter d’un droit de passage arbitraire. Conséquence immédiate : le transport Mubanda-Miba voit ses coûts exploser. La course Walikale-Goma est passée de 70 à 100 dollars. Le kilogramme de fret a bondi de 1 à 1,5 dollar. Les transporteurs n’ont d’autre choix que de répercuter ces « taxes » illicites sur les usagers.
Cette hémorragie financière affecte le quotidien de milliers de Congolais. Comment maintenir une activité économique viable quand près de 30% du prix du transport sert à graisser la patte des miliciens ? Les tracasseries routières deviennent un frein au développement de toute la région. L’insécurité route Walikale-Goma n’est plus seulement une menace physique, mais un cancer économique.
Les appels à l’aide se multiplient vers Kinshasa. « Que le gouvernement nous aide à conscientiser les wazalendo », supplie un conducteur de taxi-moto. Sans intervention urgente, cette pratique risque de s’institutionnaliser. Déjà, certains groupes rivalisent pour multiplier les points de contrôle. Chaque barrière illégale Nord-Kivu devient un petit fief où règne la loi du plus fort.
La route, symbole de connexion et de progrès, se mue en piège. Les autorités provinciales restent étrangement silencieuses face à ce phénomène. Combien de temps faudra-t-il avant que ces tracasseries routières RDC ne provoquent un blocage total des échanges ? La situation actuelle n’est-elle pas un terreau fertile pour de nouvelles violences ? L’urgence est désormais de rétablir l’État de droit sur cet axe stratégique avant que le pays ne paie un prix encore plus lourd.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd