Le ministère de l’Agriculture et de la Sécurité alimentaire a franchi une étape décisive dans sa stratégie agricole nationale avec la distribution massive d’un million de plantules aux agriculteurs de la Tshopo. Annoncée ce mardi 05 août à Kinshasa, cette opération s’inscrit dans le cadre du programme PSFD RDC (Programme de soutien à la mise en valeur durable des zones de savanes et forêts dégradées), dont le Comité de pilotage vient de tenir sa quatrième réunion.
Le ministre d’État Grégoire Mutshayi Mutomb a décrit cette initiative comme l'”épine dorsale” de la transformation agricole congolaise, visant explicitement à “prendre la revanche du sol sur le sous-sol”. Un virage stratégique qui traduit la volonté présidentielle de faire de l’agriculture le véritable pilier économique, au-delà des discours théoriques. Mais comment cette distribution plantules Tshopo impactera-t-elle concrètement les rendements des petits exploitants ?
Si Bavon N’sa Mputu, secrétaire exécutif du FONAREDD, a reconnu des retards dans la pérennisation du programme, il a réaffirmé l’engagement total de son institution. Un soutien crucial pour atteindre les objectifs triples du PSFD : combattre l’sécurité alimentaire Tshopo, restaurer 200 000 hectares de terres dégradées d’ici 2025, et dynamiser le développement rural via une agriculture compétitive.
L’annonce la plus structurante concerne cependant l’implantation prochaine dans la Tshopo de la première usine transformation café Afrique centrale. Ce projet phare, comparé à un “accélérateur de valeur ajoutée” par le ministre, vise à capter 30% de la marge actuellement perdue dans l’exportation de café brut. Une révolution pour la filière qui pourrait générer 5 000 emplois directs et tripler les revenus des planteurs locaux d’après les projections ministérielles.
Cette double intervention – distribution de plants et industrialisation – forme un écosystème cohérent. Les plantules fournies (caféiers, cacaoyers et essences forestières) alimenteront à terme l’usine, créant ainsi une chaîne de valeur intégrée. Une approche qui transforme la Tshopo en laboratoire de la transition agricole congolaise, où chaque dollar investi dans la terre pourrait rapporter quatre fois plus que dans l’extraction minière selon les modèles économiques présentés.
Reste le défi du financement : si 15 millions USD sont déjà mobilisés pour la phase pilote, la pérennisation du PSFD nécessitera un budget annuel de 45 millions USD à partir de 2026. Un investissement qui, s’il est maintenu, pourrait faire du Congo un exportateur net de produits transformés plutôt qu’un simple fournisseur de matières premières. La réussite de ce modèle dans la Tshopo déterminera son déploiement national, faisant ainsi de cette province le catalyseur d’une véritable révolution agroeconomique.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net