Un appel pressant a résonné mardi dans les collines de l’Ituri. David Bahinduka, chef de la chefferie Bahema d’Irumu, a sommé les Forces armées de la RDC (FARDC) d’adopter une extrême prudence lors de leurs opérations militaires contre les groupes armés. Son avertissement cible directement les risques de confusion entre civils et combattants dans cette région en proie aux violences.
Cet avertissement intervient au lendemain d’offensives menées par les FARDC contre des présumés membres de la Convention populaire pour la révolution (CRP). Les opérations concentrées dans les groupements de Tsere et Kabarole ont certes permis de chasser des éléments du groupe armé MAPI. Mais cette action militaire a déclenché un mouvement de panique parmi les populations civiles, contraintes à l’exode face aux combats. Comment protéger efficacement les communautés sans les pousser à fuir leurs foyers ?
La plaidoirie du chef Bahema d’Irumu prend une dimension communautaire cruciale. « Nous exigeons que la communauté Hema ne soit pas assimilée à ce groupe armé », a-t-il martelé lors d’un entretien accordé à Radio Okapi. Cette mise en garde contre la stigmatisation ethnique résonne comme un impératif de protection des civils dans un conflit où les lignes s’embrouillent dangereusement.
David Bahinduka réclame surtout une refonte urgente des relations entre l’armée et les populations. Pour le chef traditionnel, la reconstruction de la confiance passe par une communication transparente et une protection équitable de tous les habitants. La distinction entre civils non armés et membres des milices d’autodéfense comme MAPI devient vitale pour éviter les amalgames meurtriers. Les déplacés militaires en Ituri sont-ils condamnés à subir les mêmes traumatismes que les combattants ?
Cette alerte s’inscrit dans le contexte fragile de l’Ituri, province minée par les violences intercommunautaires. La collaboration entre les FARDC et les autorités locales demeure la clé de voûte de toute pacification durable. Le chef de la chefferie d’Irumu a d’ores et déjà saisi les autorités provinciales, réclamant des mesures concrètes pour séparer le sort des combattants de celui des innocents. La réponse des forces de défense déterminera l’avenir de milliers de civils pris au piège des conflits.
Les opérations des FARDC en Ituri se retrouvent ainsi à un carrefour décisif. Si l’efficacité militaire reste primordiale contre le groupe armé MAPI, la préservation du lien armée-population s’impose comme condition sine qua non de stabilité. La protection des civils dans les zones de conflit exigera désormais autant de discernement que de force. L’équilibre est ténu, mais nécessaire pour éviter que la quête de sécurité ne se transforme en machine à produire des déplacés.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net