Une opération surprise a secoué Goma aux premières heures du mercredi 6 août. Des éléments de la coalition AFC-M23 ont lancé un bouclage dans plusieurs quartiers de la ville. Environ soixante personnes, majoritairement des jeunes, ont été interpellées. Cette action a provoqué une vague de panique parmi les habitants du Nord-Kivu.
Les arrestations se sont déroulées dans des conditions traumatisantes. Les individus ont été extraits de force de leurs domiciles ou interceptés dans les artères publiques. Ils ont ensuite été conduits devant le stade de l’Unité. Les témoins décrivent des scènes de confusion où les interpellés, visiblement accablés, attendaient sous surveillance.
Vers la mi-journée, un premier groupe d’une vingtaine de personnes a été libéré. Les libérations se sont accompagnées d’une injonction formelle : se rendre immédiatement au quartier Mabanga. Là, un meeting de sensibilisation organisé par une autorité locale proche du M23 les attendait. Cette directive soulève des questions sur la nature coercitive de la démarche.
Officiellement, cette opération fait suite à des incidents sécuritaires récents. Des responsables affiliés au M23 invoquent la mort d’un de leurs collaborateurs. Celui-ci aurait été tué par des bandits armés dans le secteur nord de Mabanga. Les bouclages seraient donc une mesure préventive contre des présumés combattants Wazalendo. Mais cette version est immédiatement contestée sur le terrain.
Plusieurs acteurs communautaires dénoncent une tout autre motivation. Pour eux, ces arrestations massives de jeunes cachent une stratégie systématique d’enrôlement forcé. L’objectif réel ? Grossir les rangs de l’AFC-M23 avec de nouvelles recrues. Cette pratique n’est malheureusement pas isolée dans la région. Des méthodes similaires ont été observées lors de précédentes opérations à Sake et Rubaya, en territoire de Masisi.
Les rebelles justifient régulièrement ces bouclages par la lutte contre l’insécurité croissante. Ils affirment cibler exclusivement des “éléments armés hostiles”. Pourtant, le profil des personnes arrêtées à Goma ne correspond pas à cette description. La majorité étaient des civils sans lien apparent avec des groupes combattants. Cette contradiction alimente les soupçons de la population locale.
Ces événements s’inscrivent dans un contexte sécuritaire particulièrement tendu au Nord-Kivu. Les arrestations arbitraires de jeunes deviennent-elles une nouvelle norme ? Les communautés touchées par l’insécurité Masisi et ses environs vivent dans une crainte permanente. Chaque opération de ce type renforce le sentiment d’impuissance face aux groupes armés.
Les bouclages à répétition posent une question fondamentale : protègent-ils réellement les civils ou alimentent-ils le cycle de violence ? Alors que vingt jeunes ont reçu l’ordre de participer à un meeting de “sensibilisation”, que deviendront les autres interpellés ? Les risques d’enrôlement forcé dans les rangs du M23 restent une préoccupation majeure pour les défenseurs des droits humains.
Cette situation exige une réponse urgente des autorités compétentes. Une enquête indépendante devrait être menée pour établir les faits avec précision. Les familles des personnes arrêtées réclament des informations claires sur le sort de leurs proches. L’insécurité à Goma ne saurait justifier des méthodes qui bafouent les droits fondamentaux. La communauté internationale suit ces développements avec une attention particulière, alors que la crise humanitaire s’aggrave dans l’Est de la RDC.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net