Le cri étouffé de Mama Kiza résonne dans le quartier Nyakasanza de Bunia : « Mon fils de 18 ans traversait l’avenue de l’Aéroport quand un taxi-bus l’a fauché. Le conducteur roulait comme un fou… » Ce témoignage glaçant illustre l’hécatombe routière qui ensanglante la capitale de l’Ituri où 51 vies ont été emportées depuis janvier 2025.
Le dernier bilan de la police de circulation routière, dévoilé ce lundi 4 août, fait froid dans le dos : le seul mois de juillet a comptabilisé 33 accidents dont 12 mortels, transformant les artères de Bunia en pièges mortels. Quatre blessés légers et onze graves s’ajoutent à ce décompte macabre, avec la commune de Shari comme épicentre de cette tragédie quotidienne.
« Excès de vitesse, dépassements hasardeux, croisements dangereux et conduite en état d’ébriété », énumère le commissaire principal Paulin Tandema, la voix chargée d’amertume. Son constat est sans appel : « Ces comportements pourraient être évités par le simple respect du code de la route. La vie humaine n’a pas de prix ! »
Un paradoxe interpellant surgit pourtant : la récente modernisation des infrastructures routières, saluée par les Buniais, aurait-elle engendré un relâchement des conducteurs ? « Les nouvelles routes sont si lisses qu’on oublie le danger », confie un chauffeur de taxi-moto sous anonymat, tandis que des observateurs pointent l’incivisme routier grandissant.
Derrière les statistiques accidents Bunia se cachent des drames familiaux irréparables. Comment expliquer que la sécurité routière RDC reste un vœu pieux dans cette région ? Les contrôles policiers suffisent-ils face à l’imprudence chronique ? La prévention dans les écoles et les entreprises apparaît plus que jamais urgente.
Avec 51 décès circulation Ituri en sept mois, ce bilan dépasse déjà les pires années. L’inaction transformerait-elle Bunia en capitale africaine de l’insécurité routière ? Les autorités provinciales promettent un plan d’urgence, mais les familles endeuillées attendent des actes. Car chaque jour perdu sur les routes de l’Ituri se paie en vies humaines.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net