L’onde de choc provoquée par les accusations contre l’ancien président Joseph Kabila continue d’ébranler l’échiquier politique congolais. Le Front commun pour le Congo (FCC), plateforme gravitant autour de l’ancien chef de l’État, a fait entendre sa voix ce samedi 2 août dans une déclaration cinglante. Le ton est grave, alarmiste même : le regroupement politique y exprime sa “profonde inquiétude” face aux turbulences qu’il estime menacer les fondements mêmes de l’État-nation.
La cible principale de cette sortie incendiaire ? Le procès Joseph Kabila devant la Haute cour militaire Congo. Les charges sont lourdes, très lourdes : trahison, participation à mouvement insurrectionnel, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Des accusations liées, selon l’acte d’accusation, au soutien présumé de l’ancien président à la coalition rebelle AFC/M23. Mais pour le FCC, cette procédure judiciaire dépasse largement le cadre légal pour se muer en arme politique. “Cette démarche constitue une tentative de déstabilisation”, assène le texte, dénonçant sans ambages une “instrumentalisation de la justice à des fins politiques”.
Comment comprendre cette défense acharnée de l’ancien président par sa base politique ? Le FCC campe Joseph Kabila en “acteur de paix, animé par un profond désir d’unité nationale”, prêt à mettre “son expérience au service de la République”. Un portrait en saint laïc qui contraste singulièrement avec la gravité des chefs d’accusation. Cette rhétorique soulève des questions fondamentales sur l’équilibre des pouvoirs dans une démocratie naissante. Jusqu’où l’opposition Kabila peut-elle aller dans la défense de son leader sans paraître défier l’appareil judiciaire ?
Les turbulences RDC pointées par le FCC révèlent une fracture politique béante. Le regroupement, qui se présente comme une “force politique considérable”, multiplie les prises de position pour dénoncer ce qu’il perçoit comme un acharnement. Cette posture traduit-elle une réelle FCC inquiétude politique face à l’évolution du pays ou une stratégie de victimisation ? La déclaration appelle à un “sursaut collectif” pour préserver la cohésion nationale, insistant sur le respect des droits fondamentaux de tous les acteurs politiques.
L’enjeu dépasse la simple défense d’un homme. Le procès de l’ancien président fonctionne comme un révélateur des tensions qui traversent la jeune démocratie congolaise. En brandissant l’épée de Damoclès de la déstabilisation nationale, le FCC pose une question cruciale : la justice peut-elle s’exercer sereinement sur d’anciens chefs d’État sans provoquer de séisme institutionnel ? La réponse à cette interrogation déterminera l’avenir de l’État de droit en RDC. Les prochaines audiences à la Haute cour militaire s’annoncent comme un test décisif pour la résilience des institutions congolaises face aux pressions politiques.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: mediacongo.net