Qui aurait cru que d’anciens Kuluna, ces bandits urbains tristement célèbres dans nos villes, deviendraient les bâtisseurs de l’éducation congolaise ? Samedi dernier, le Service National de la RDC a franchi un cap symbolique en remettant mille bancs-pupitres flambant neufs à l’Université de Lubumbashi (UNILU). Ces équipements, sortis tout droit du nouvel atelier de Lubumbashi, incarnent une double révolution : la réinsertion sociale des jeunes en rupture et l’amélioration tangible des conditions d’étude dans le Haut-Katanga.
L’émotion était palpable sur le campus de l’UNILU où ces bancs, fabriqués par des mains jadis associées à la violence, vont désormais supporter les livres et les rêves des étudiants. « Nous disons sincèrement merci à cette jeunesse transformée qui a travaillé pour cette œuvre », confie une étudiante visiblement touchée, avant d’ajouter : « Nous nous engageons à donner le meilleur de nous-même pour construire notre pays plus beau qu’avant. » Ces paroles résument l’impact profond de cette initiative qui transcende le simple geste matériel.
Le recteur Gilbert Kishiba n’a pas caché son admiration pour le travail du lieutenant général Jean-Pierre Kasongo Kabwik, commandant du Service National rattaché à la présidence. « Un remerciement au général pour son optimisme visionnaire », a-t-il déclaré, soulignant que le Service National se positionne comme « l’interface entre l’École et la société ». Cet hommage prend une résonance particulière quand on sait que le général Kasongo est lui-même un ancien de l’UNILU, créant ainsi une boucle vertueuse entre formation et service patriotique.
Mais quelle est la mission réelle de ce Service National souvent méconnu ? Le général Kasongo l’a rappelé avec force : il s’agit d’encadrer la jeunesse congolaise pour la « reconstruction et le développement du pays ». Une mission qui dépasse largement le cadre militaire traditionnel. « L’encadrement scientifique ne suffit pas », a-t-il insisté, « il doit impérativement s’accompagner d’un encadrement civique et patriotique ». Cette philosophie prend corps dans l’atelier de Lubumbashi où des jeunes en perdition sociale retrouvent dignité et compétences techniques.
Cette livraison historique – première pour une université du Grand Katanga – pose plusieurs questions fondamentales : Et si la réinsertion des Kuluna passait par leur transformation en acteurs du développement ? Comment reproduire ce modèle dans d’autres provinces ? Les bancs-pupitres de l’UNILU deviennent ainsi bien plus que du mobilier scolaire : ils sont les symboles concrets d’une jeunesse réconciliée avec elle-même et sa nation.
L’atelier de Lubumbashi, fer de lance de cette réinsertion par le travail, ouvre des perspectives immenses pour l’éducation dans le Haut-Katanga. Alors que des milliers d’étudiants congolais étudient encore dans des conditions précaires, cette initiative démontre qu’une solution locale existe. La réinsertion des Kuluna n’est pas qu’un enjeu sécuritaire ; c’est un levier économique et éducatif sous-exploité. Reste maintenant à pérenniser ce programme et à en faire un modèle exportable dans toute la RDC, pour que chaque province puisse voir ses défis sociaux se transformer en opportunités éducatives.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net