Comment assurer l’avenir scolaire de milliers d’élèves pris au piège des conflits armés ? La province éducationnelle Ituri 1 apporte une réponse concrète en organisant une session exceptionnelle du Test national de sélection et d’orientation scolaire et professionnelle (TENASOSP) du 4 au 5 août 2025. Cette mesure urgente concerne près de 4 500 candidats privés d’examens à cause de l’escalade des violences dans le territoire de Djugu, épicentre d’affrontements récurrents entre milices et armée régulière.
Dans un communiqué officiel, le directeur provincial de l’Éducation Yvon Muke a détaillé ce dispositif de rattrapage vitale pour ces adolescents dont la scolarité a été brutalement interrompue. « Cette décision répond à l’impérieuse nécessité de sauver l’année scolaire de jeunes victimes collatérales de l’insécurité », explique-t-il, soulignant que les combats entre les miliciens du CRP et les FARDC avaient contraint des centaines de familles à fuir précipitamment, parfois la veille même des épreuves initiales.
Les localités de Djugu 1, Nizi, Iga-Barrière, Lopa et Soleniama, particulièrement touchées par ces violences, voient ainsi leurs élèves de 8e année base retrouver un espoir. Mais comment garantir leur accès aux centres d’examen dans une région encore instable ? Les services provinciaux ont établi un protocole précis : les parents doivent impérativement signaler leurs enfants auprès des bureaux de sous-division ou du pool secondaire avant le jour J. « Cette étape est cruciale pour organiser leur orientation sécurisée vers les centres agréés », précise Muke.
L’Association des Parents d’Élèves du Congo (ANAPECO) section Ituri, à l’origine de cette requête, salue une « décision responsable ». Son président relève que « cette session de rattrapage du TENASOSP est plus qu’un examen : c’est un geste fort pour la jeunesse traumatisée de l’Ituri ». Les défis logistiques restent immenses dans cette province orientale où des milliers de déplacés scolaires tentent de reconstruire leur parcours éducatif.
Cette initiative pose néanmoins une question plus large : jusqu’à quand l’éducation en RDC restera-t-elle otage des conflits armés ? Si ce rattrapage constitue une bouée de sauvetage pour les élèves déplacés de Djugu, il rappelle cruellement l’urgence de sécuriser durablement les établissements scolaires. Alors que la province éducationnelle Ituri 1 tente de panser ses plaies, l’enjeu dépasse la simple organisation d’examens : il s’agit de préserver le droit fondamental à l’éducation dans une région meurtrie. La réussite de ces 4 500 candidats sera-t-elle le premier pas vers une normalisation tant attendue ?
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net