La République Démocratique du Congo observe ce 2 août 2025 une commémoration chargée d’émotion et de détermination politique. Trois ans après l’institutionnalisation de la journée du Genocost RDC, le pays renforce son offensive diplomatique pour obtenir la reconnaissance du génocide congolais devant les instances internationales. Cette date symbole, ancrée dans la loi du 26 décembre 2022, cristallise désormais le combat contre l’oubli des dizaines de millions de victimes tombées depuis trois décennies.
Le président Félix Tshisekedi a orchestré une mobilisation sans précédent, ordonnant lors du dernier Conseil des ministres que cette commémoration 2 août résonne dans toutes les provinces et ambassades. Dans son discours, le chef de l’État a martelé :
“Le GENOCOST constitue un appel à la vérité, à la justice et à la non-répétition. C’est une invitation à assumer nos responsabilités historiques.”
Une position qui soulève une question cruciale : cette quête mémorielle parviendra-t-elle à transcender les résistances géopolitiques?
L’innovation majeure de cette édition réside dans le colloque international Kinshasa organisé du 29 au 31 juillet. Sous l’égide de la CIA-VAR et du FONAREV, historiens, juristes et diplomates ont disséqué pendant trois jours les mécanismes juridiques permettant de qualifier les atrocités congolaises. La ministre de l’Enseignement supérieur, Marie-Thérèse Sombo, représentant le président, a salué des travaux ayant “nommé l’indicible” et “déconstruit le silence”. L’événement s’est conclu par le vernissage de l’ouvrage “Politique nationale de justice transitionnelle”, pierre angulaire du processus.
La stratégie gouvernementale prend une dimension offensive avec le calendrier onusien. Tshisekedi a enjoint son exécutif de capitaliser la 60e session du Conseil des Droits de l’Homme et la 80e Assemblée générale de l’ONU pour porter ce combat. Une manœuvre qui interroge : la communauté internationale acceptera-t-elle de revisiter sa propre complicité par omission dans ce drame continental? Le président table sur une “stratégie globale mobilisant la diaspora” pour faire pression.
Cette offensive s’appuie sur l’architecture institutionnelle créée en 2022. La CIA-VAR, chargée de la réflexion sur la justice transitionnelle RDC, et le FONAREV, gestionnaire des réparations, constituent les piliers opérationnels de ce processus. Leur mandat – identifier les victimes, faciliter l’accès à la justice et allouer les réparations – se heurte pourtant à l’immensité de la tâche et aux contraintes budgétaires.
Alors que les cérémonies se déploient sur l’ensemble du territoire, un paradoxe persiste : comment concilier l’urgence de réparations concrètes pour les survivants avec les lentes procédures de reconnaissance internationale? Le gouvernement joue son crédit moral sur cet équilibre périlleux. Les prochains mois, marqués par les plaidoyers à Genève et New York, révéleront si la voix des victimes parvient à percer le mur de l’indifférence globale ou si, une fois encore, la realpolitik l’emportera sur la justice historique.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd