Le bruit des rédactions étouffe souvent les voix tremblantes des nouveaux venus. « On se sent perdu entre les deadlines serrées et le manque de mentorat », confie Ange, 24 ans, reporter depuis six mois dans un média kinois. Comme des centaines de jeunes professionnels des médias en RDC, il navigue à vue dans un paysage médiatique en pleine mutation numérique et politique. Une réalité qui a motivé la création du « Week-end de la presse », initiative salutaire lancée à Kinshasa.
Cette plateforme répond à un besoin criant : comment former la relève journalistique congolaise dans un contexte où les écoles de journalisme peinent à suivre les évolutions technologiques et déontologiques ? « L’isolement des jeunes talents est notre plus grand frein », analyse un rédacteur en chef de la place sous couvert d’anonymat. Le projet se présente comme un espace sécurisé où stagiaires et reporters juniors pourront enfin rompre leur solitude professionnelle.
Réseautage et transmission intergénérationnelle
L’innovation majeure ? Créer des ponts concrets entre générations. « Week-end de la presse » permettra aux aspirants journalistes d’échanger avec des aînés ayant traversé les crises politiques et technologiques. Imaginez un jeune podcaster discutant techniques narratives avec un reporter ayant couvert la chute de Mobutu ! Ces rencontres organisées autour de tables rondes informelles visent une transmission orale du savoir-faire local, souvent absent des manuels académiques.
Mais au-delà de la formation journalistique en RDC, c’est tout un écosystème qui se construit. Les tarifs abordables – détail crucial dans un secteur précaire – permettront à des profils divers de participer. « Quand j’ai vu les frais d’inscription, j’ai su que cette fois c’était sérieux », s’enthousiasme Pascaline, blogueuse spécialisée en fact-checking. La plateforme journalistes Congo mise sur la mixité : reporters radio, photojournalistes, rédacteurs web et gestionnaires de communauté médiatique se croiseront dans un même espace.
Un laboratoire pour les médias de demain
Qui peut prédire à quoi ressemblera la presse congolaise dans cinq ans ? Cette initiative se présente comme un laboratoire vivant où les participants co-construiront des solutions adaptées aux réalités locales. Les organisateurs promettent des ateliers pratiques sur le journalisme mobile, la vérification en contexte de désinformation massive ou encore la monétisation des contenus. Des compétences vitales quand on sait que 68% des journalistes kinois travaillent sans contrat stable selon le Syndicat national de la presse.
Le réseautage médiatique RDC constitue l’autre colonne vertébrale du projet. Dans un milieu où les opportunités se transmettent souvent par relations personnelles, « Week-end de la presse » institutionnalise ces passerelles. « On ne vient pas seulement chercher des connaissances, mais aussi des contacts qui peuvent changer une carrière », explique un membre du comité d’organisation. Des médias partenaires ont déjà promis de dénicher des talents parmi les participants.
Alors que la première édition se précise à Kinshasa – événement médias Kinshasa très attendu –, des questions cruciales persistent. Comment garantir la pérennité financière ? Quelle place pour les journalistes de l’intérieur du pays ? Mais une certitude émerge : cette initiative comble un vide béant dans l’accompagnement professionnel. À l’heure où la désinformation mine la démocratie congolaise, former une presse compétente et connectée n’est plus un luxe, mais une urgence nationale. Le week-end pourrait bien durer toute une carrière.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Eventsrdc