Kinshasa vient d’être l’épicentre d’une offensive régionale contre l’exploitation minière illégale RDC, avec la tenue de la VIIIe Réunion ordinaire des ministres des Mines de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL). Autour de la table de l’hôtel Hilton, les représentants de douze États ont planché sur le renforcement du mécanisme régional certification, ce système crucial pour assainir des filières minérales souvent gangrénées par les trafics transfrontaliers.
Le ministre congolais des Mines, Kizito Pakabomba, a martelé une vérité économique implacable : Le MRC n’est pas un simple document administratif, mais une barrière commune contre les circuits illicites et le socle de la confiance internationale.
Un discours d’autant plus pertinent que la région des Grands Lacs perdrait annuellement près de 1,2 milliard USD selon l’ONU à cause de l’exploitation illicite des ressources. Comment alors transformer ce mécanisme en rempart efficace ? La RDC a dégainé trois propositions structurantes.
Première mesure phare : l’instauration d’audits indépendants couplés à des sanctions contraignantes pour les États membres négligents. Cette approche vise explicitement à résorber les disparités actuelles dans l’application du système de certification minerais CIRGL. Deuxième pilier : la création immédiate d’une task force régionale habilitée à enquêter sur les chaînes d’approvisionnement des zones rouges
identifiées en RDC. Enfin, troisième levier technique : l’opérationnalisation urgente du laboratoire régional basé en Tanzanie pour garantir une traçabilité minerais Grands Lacs infalsifiable.
Ces initiatives s’inscrivent dans un contexte sécuritaire volatile où la contrebande de minerais finance encore des groupes armés. La réunion ministres mines Kinshasa a ainsi acté le classement en zones rouges
de plusieurs sites sensibles, tandis qu’une enquête régionale a été demandée au Secrétariat exécutif de la CIRGL. Pour les opérateurs miniers, ces mesures pourraient se traduire par un renchérissement de 15 à 20% des coûts de conformité, mais aussi par une valorisation boursière des minerais certifiés.
Reste la question centrale de la volonté politique. Le ministre Pakabomba l’a souligné sans détour : Sans responsabilisation collective, le MRC restera un tigre de papier.
L’enjeu dépasse la simple régulation. Il s’agit ni plus ni moins de rebattre les cartes économiques de la région. La certification pourrait générer un surplus de valeur ajoutée de 30% si la transformation locale s’intensifie, selon les projections de la Banque mondiale. La traçabilité minerais Grands Lacs n’est-elle pas l’unique voie vers un commerce équitable ?
Alors que la prochaine réunion est prévue à Bujumbura, l’architecture du mécanisme régional certification se densifie. Mais son efficacité réelle dépendra de l’adhésion sans faille des États membres. Car comme le rappelle un expert minier sous couvert d’anonymat : Un certificat n’a de valeur que si chaque maillon de la chaîne assume ses responsabilités.
La région parviendra-t-elle à muter d’épicentre de conflits en hub minier responsable ? La réponse engagera sa crédibilité internationale pour la décennie à venir.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net