Dans une région en proie à une crise humanitaire persistante, Médecins Sans Frontières révèle un chiffre qui donne la mesure du drame : plus de 4 000 blessés de guerre ont été pris en charge gratuitement ces quatre dernières années dans sa clinique Salama à Bunia, épicentre des violences dans l’Ituri. Cette donnée, aussi brute qu’éloquente, souligne l’impact dévastateur du conflit armé qui déchire cette province de la RDC.
Ces dernières semaines, une vague de violence particulièrement intense a submergé les équipes médicales. Comment expliquer l’afflux soudain de 44 cas graves en seulement dix jours ? Les victimes affluent principalement des zones de Lopa, Nizi et Komanda, théâtres de récentes attaques de groupes armés, mais aussi de Bunia même, où une fusillade nocturne a coûté la vie à un civil. Autre tragédie : un patient victime des ADF à Komanda n’a pu être sauvé malgré les soins.
Face à cette urgence, la clinique Salama a opéré une transformation radicale. « Nous avons augmenté notre capacité de 30 à 50 lits pour absorber le choc », explique le coordonnateur du projet d’urgence MSF à Bunia. Cette adaptation vitale permet de traiter les traumatismes complexes liés aux conflits armés : balles perdues, éclats d’explosifs ou blessures par arme blanche nécessitant souvent des interventions chirurgicales lourdes.
Actuellement, 32 patients occupent encore les lits de l’hôpital, dont quatre nouveaux cas transférés ce vendredi depuis Soleniama, à peine à 10 km de Bunia. Un rayon d’action qui montre à quel point le conflit ronge le territoire. Pourtant, des lueurs d’espoir persistent : neuf patients ont déjà quitté l’établissement après une guérison complète, preuve que même dans l’enfer de la crise humanitaire, les soins spécialisés font la différence.
Cette situation interpelle sur la spirale infernale du conflit armé en Ituri. Quand cessera cette hémorragie humaine qui épuise les ressources médicales ? MSF rappelle que chaque lit supplémentaire représente un coût logistique colossal dans un contexte où l’aide internationale peine à suivre l’ampleur des besoins. La clinique Salama, devenue bastion de résistance face à la barbarie, symbolise à la fois la résilience des acteurs humanitaires et l’urgence absolue d’une solution politique.
Pour les populations prises au piège, l’accès aux soins d’urgence reste une question de vie ou de mort. Les équipes médicales, en première ligne de cette crise oubliée, lancent un appel silencieux : sans désescalade rapide des violences, comment pourront-elles continuer à absorber les flux de blessés de guerre qui franchissent quotidiennement leurs portes ?
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net