La zone de santé rurale de Walikale, au Nord-Kivu, traverse une crise sanitaire alarmante : sa banque de sang est complètement vide. Selon le Dr Bingi Richard, médecin chef de zone, toutes les aires de santé de cette région reculée font actuellement face à des cas critiques d’anémie sans possibilité de transfusion. Une situation qui met quotidiennement des vies en suspens, particulièrement celles des enfants et des femmes lors des accouchements.
Face à cette pénurie sang Walikale, les équipes de mobilisation communautaire ont lancé une campagne urgente de sensibilisation ce mardi 29 juillet. Leur objectif ? Approvisionner d’urgence la banque de sang de l’hôpital général de référence de Walikale. « Chaque poche collectée représente une vie potentiellement sauvée », explique un sensibilisateur sur le terrain, interpellant la population : « Aujourd’hui c’est quelqu’un d’autre qui est dans le besoin. Peut-être demain ce sera toi ou l’un de ta famille ».
L’appel a suscité une mobilisation immédiate. Séance tenante, plusieurs volontaires se sont engagés à se rendre à l’hôpital pour un don gratuit. Un élan de solidarité vital quand on sait que les structures sanitaires locales reçoivent quotidiennement des cas nécessitant des transfusions sanguines en urgence. Mais pourquoi cette banque de sang vide RDC est-elle devenue si critique ?
La réponse se trouve en partie dans l’insécurité régionale. Depuis la prise de Goma par les rebelles du M23, le Centre Provincial de Transfusion Sanguine de cette ville – qui approvisionnait Walikale – ne peut plus assurer ses livraisons. Cette rupture logistique a créé un effet domino dramatique pour les centres de santé isolés du territoire. La crise sanitaire Nord-Kivu atteint ainsi des zones déjà vulnérables, où l’accès aux soins était déjà limité.
Les besoins en transfusion sanguine Congo sont pourtant criants : complications obstétricales, paludisme sévère chez les enfants, ou traumatismes dus aux conflits. Sans réserves sanguines, les médecins se retrouvent démunis face à des hémorragies ou anémies potentiellement mortelles. Cette campagne don sang Nord-Kivu n’est donc pas un simple appel à la charité, mais une course contre la montre pour reconstituer des stocks vitaux.
Comment expliquer qu’un geste aussi simple que le don de sang puisse faire la différence entre la vie et la mort ? Chaque donneur bénévole peut sauver jusqu’à trois vies. Pourtant, en RDC, le taux de don volontaire reste inférieur à 1% de la population éligible, loin des 3% recommandés par l’OMS. Les sensibilisateurs insistent : « Si nous ne nous mobilisons pas aujourd’hui, demain sera trop tard pour sauver des vies en danger ».
Cette initiative locale montre la voie, mais une question persiste : combien de vies faudra-t-il perdre avant que des solutions durables soient mises en place ? En attendant, l’hôpital de Walikale continue d’accueillir les volontaires – seuls remparts contre une catastrophe humanitaire silencieuse. Leur engagement rappelle une évidence médicale : le sang ne se fabrique pas en laboratoire. Il ne peut venir que de la générosité humaine.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd