Alors que s’achèvent ce jeudi 31 juillet les épreuves de l’examen d’État sur l’ensemble du territoire congolais, une alerte sécuritaire inhabituelle plane sur Bunia. Dans cette ville de l’Ituri, les autorités policières ont lancé un avertissement ferme aux élèves finalistes : toute manifestation de joie sur la voie publique sera considérée comme une menace à l’ordre public. Une mesure qui interroge sur l’équilibre entre traditions estudiantines et impératifs de sécurité dans cette région en proie à l’instabilité.
Le commissaire supérieur Gerard Abeli Mwangu, commandant urbain de la police, a été catégorique :
“Aux élèves finalistes de ne pas manifester leur joie sur la voie publique, en jubilant avec des motos, véhicules… au risque que les hors-la-loi en profitent pour perturber l’ordre public”.
Cet avertissement, directement lié à la sécurité des examens d’État, s’inscrit dans un contexte où Bunia reste confrontée à des défis sécuritaires persistants. Mais comment en est-on arrivé à bannir ces célébrations traditionnelles qui marquent la fin d’un parcours scolaire ?
La police ne s’est pas contentée de cibler les élèves. Un appel pressant a été lancé aux parents, les enjoignant de “déconseiller à leurs enfants finalistes du secondaire de se livrer à des actes de vandalisme”. Une responsabilisation familiale inédite qui souligne la gravité perçue de ces festivités spontanées. Les parents deviennent ainsi les premiers remparts contre des débordements qui, selon les forces de l’ordre, pourraient servir de couverture à des éléments malintentionnés.
Les motocyclistes sont également dans le collimateur des autorités. Des consignes strictes leur ont été notifiées : vitesse limitée à 20 km/h en agglomération, interdiction formelle de transporter plus d’un passager, prohibition de la conduite en état d’ivresse et défense absolue de céder leurs engins à des élèves ou à des inconnus. Ces mesures draconiennes visent spécifiquement à empêcher les traditionnels “carnavals” motorisés qui accompagnent habituellement la fin des épreuves.
Derrière cette vigilance accrue se profile une réalité sécuritaire préoccupante. Comme l’a rappelé le commissaire Mwangu, “la ville de Bunia et ses environs sont confrontés à une menace sécuritaire”. Un aveu qui explique le déploiement annoncé des forces de l’ordre pour garantir la sécurité durant cette période sensible. Dans cette partie de l’Ituri, les manifestations scolaires pourraient effectivement offrir des opportunités à des groupes armés ou à des criminels, transformant des réjouissances estudiantines en scènes potentielles de chaos.
Pourtant, ces célébrations post-examen font partie intégrante du paysage social congolais. Comme le reconnaissent les autorités elles-mêmes, des actes de “joies en liesse” émaillent traditionnellement la clôture des épreuves et la publication des résultats. Jeunes gens envahissant les débits de boisson, cortèges improvisés de motos et taxis fleuris, exubérances juvéniles… Autant de rituels qui, à Bunia comme ailleurs en RDC, symbolisent l’aboutissement d’années d’efforts scolaires.
Faut-il pour autant sacrifier ces traditions sur l’autel de la sécurité ? La réponse des autorités de Bunia semble tranchée. Entre la préservation d’usages festifs et la prévention de risques sécuritaires tangibles, le choix est fait. Reste à savoir comment les élèves finalistes, après des semaines de stress intense, accueilleront cette privation de liesse collective. Une question qui dépasse le simple cadre des festivités pour toucher à l’équilibre psychosocial d’une jeunesse confrontée à des réalités sécuritaires complexes.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net