Dans les rues de Beni, où les cicatrices des conflits hantent encore les murs, une lueur d’espoir se profile. « Combien de fois avons-nous cru la paix impossible ici ? », murmure un ancien du quartier de Mulekera, les yeux rivés sur l’annonce du nouveau projet. Mercredi 30 juillet, l’organisation Search for Common Ground a lancé « De la base au monde », une initiative ambitieuse visant à responsabiliser les communautés locales dans la consolidation de la paix au Nord-Kivu. Ciblant spécifiquement les territoires de Beni, Butembo et Lubero, ce projet entend équiper la société civile, les cadres de base et les autorités coutumières des outils nécessaires pour influencer durablement les dynamiques de paix.
Le vice-gouverneur du Nord-Kivu, Louis Second Karawa, n’a pas caché son enthousiasme : « Ce projet arrive à point nommé face à la situation préoccupante de notre province. Il répond à un besoin fondamental : construire la paix à partir de la base ». Dans une région où les conflits armés ont déchiré le tissu social, cette approche ascendante pourrait bien changer la donne. Comment reconstruire la confiance entre voisins quand la violence a tout érodé ? La réponse, selon les initiateurs, réside dans la valorisation des expériences locales et l’implication directe des populations dans les décisions.
Concrètement, le projet prévoit de renforcer les mécanismes communautaires existants tout en développant un plan de plaidoyer co-construit avec les habitants. « Nous ne pouvons plus imposer des solutions venues d’ailleurs », explique un membre de la société civile de Butembo, joint par nos soins. « Ici, à Lubero comme à Beni, ce sont les communautés locales qui connaissent les racines des tensions. Leur donner les moyens d’agir, c’est semer les graines d’une stabilité durable ». Cette vision rejoint celle du vice-gouverneur, qui insiste sur la nécessité de « porter leurs revendications pour inspirer des politiques inclusives ».
Avec un financement de 27 millions de dollars américains accordé par les Pays-Bas et étalé sur huit ans, l’initiative marque un engagement international rare dans la consolidation paix Beni et ses environs. Cet investissement massif dans le financement paix RDC soulève toutefois des questions : comment garantir que ces fonds atteindront réellement les acteurs de terrain ? « La transparence sera notre credo », assure un coordonnateur du projet. « Chaque dollar servira à former, outiller et amplifier la voix de ceux qui vivent la guerre au quotidien ».
Dans les collines de Lubero, où les groupes armés ont longtemps dicté leur loi, l’annonce a été accueillie avec un mélange d’espoir et de prudence. « On nous a tant promis la paix… », soupire une cultivatrice rencontrée près de Kayna. Pourtant, l’approche innovante de ce projet paix Nord-Kivu pourrait briser le cycle infernal. En s’appuyant sur les structures coutumières et les réseaux locaux, il tisse une toile de résilience que les kalachnikovs n’ont jamais réussi à détruire entièrement. Les communautés locales Butembo, par exemple, pourront formaliser leurs pratiques ancestrales de médiation.
Mais au-delà des territoires ciblés, c’est tout un modèle qui est testé. Cette initiative Lubero stabilité et son volet dans le grand Kivu interrogent : et si la paix durable en RDC passait enfin par celles et ceux qui la désirent le plus ? Le défi est immense dans une province où près de 120 groupes armés sévissent encore. Pourtant, comme le rappelle le commissaire Karawa : « Les conflits ont affaibli notre tissu social, mais ils n’ont pas tué notre savoir-vivre ensemble ». Huit ans, c’est le temps qu’il faudra pour vérifier si cette paix venue d’en bas peut réellement germer.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
