Alors que la scène politique congolaise traverse une période cruciale, deux événements majeurs captent l’attention des observateurs. D’une part, le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, porte la voix de la RDC sur la tribune internationale lors de la 6e Conférence mondiale des présidents des parlements à Genève. D’autre part, le procès de l’ancien ministre Constant Mutamba connaît des développements judiciaires significatifs devant la Cour de cassation.
Kamerhe à Genève : l’Est congolais au cœur des débats
Dans la cité suisse, symbole des droits humains, Vital Kamerhe a interpellé l’Union interparlementaire sur les violences persistantes dans l’Est de la RDC. Avec une rhétorique mesurée mais ferme, il a qualifié les massacres en Ituri d’« acte d’une violence inqualifiable », évoquant un « véritable génocide oublié » qui aurait causé « près de dix millions de morts » depuis trois décennies. Comment une communauté internationale si prompte à se mobiliser ailleurs peut-elle rester sourde à cette tragédie ?
Le numéro un du Parlement congolais a habilement marié dénonciation et diplomatie. Tout en pointant du doigt les « violations massives du droit international humanitaire » par des « forces occupantes », il a salué le « choix courageux » du président Tshisekedi de tendre la main au Rwanda. Une stratégie régionale qui, selon ses termes, n’équivaut cependant « ni à l’oubli ni à l’impunité ». Ce positionnement équilibriste soulève une question essentielle : jusqu’où peut s’étendre la realpolitik face aux exigences de justice pour les victimes ?
Procès Mutamba : la Cour de cassation serre les boulons
Pendant ce temps, à Kinshasa, la Cour de cassation a rejeté les exceptions soulevées par Constant Mutamba, ancien ministre de la Justice poursuivi pour détournement présumé de deniers publics. Dans un arrêt sans équivoque, la plus haute juridiction judiciaire a balayé les requêtes en inconstitutionnalité, estimant que le prévenu avait déjà épuisé ce recours devant la Cour constitutionnelle. Cette décision ouvre la voie à une audience cruciale prévue le 4 août.
L’affaire prend une dimension inédite avec la citation potentielle de témoins de haut rang, dont la Première ministre Judith Suminwa et l’ex-ministre Rose Mutombo. La perspective de voir la cheffe du gouvernement comparaître constituerait un précédent dans l’histoire politique congolaise. Les noms cités – Adlerd Kisula (Cellule nationale des renseignements financiers), Didier Budimbu (Sports) ou Jules Alingeti (ex-Inspection générale des Finances) – dessinent les contours d’un dossier aux ramifications complexes.
Ces deux événements parallèles illustrent les défis multidimensionnels auxquels fait face la RDC. Alors que Kamerhe tente d’internationaliser la crise de l’Est à Genève, le procès Mutamba devient le banc d’essai de l’indépendance judiciaire congolaise. Dans les deux cas, la question de l’impunité se pose avec acuité. Le gouvernement pourra-t-il concilier les impératifs de paix régionale et les exigences de justice interne ? La réponse se jouera autant dans les prétoires de Gombe que dans les couloirs feutrés des institutions internationales.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net