Un mois après la signature historique de l’Accord de Washington entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda, le bilan d’exécution révèle des progrès timides. Selon l’évaluation fondée sur l’Outil de Mesure de la Mise en Œuvre de l’Accord de Paix (OMMAP), seules 8 des 30 tâches prévues connaissent un début d’exécution, soit 26,6% du plan global. Le score cumulé atteint 27,5 points sur 80, traduisant un taux de réalisation d’environ 34% pour ces engagements partiels.
Rappelons que cet accord, paraphé le 27 juin 2025 sous médiation américaine, visait à tourner la page des conflits récurrents dans l’Est congolais. Ses piliers fondamentaux incluent le respect de l’intégrité territoriale, le désarmement des groupes armés comme les FDLR, et la création d’un mécanisme conjoint de sécurité. Pourtant, l’analyse dévoile une interdépendance critique entre les tâches : la majorité des 22 engagements non entamés nécessitent l’achèvement préalable d’actions structurantes.
Trois signaux encourageants émergent néanmoins de cette première phase. On observe une nette diminution de la rhétorique belliqueuse entre Kigali et Kinshasa, malgré des accusations résiduelles. Les hostilités sur le terrain ont significativement baissé dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, avec seulement des affrontements isolés rapportés à Nyamilima et Kisharo. Faut-il y voir un respect précoce du cessez-le-feu ? Parallèlement, la diplomatie bilatérale montre des signes de revitalisation.
Ces lueurs d’espoir ne masquent pas les écueils menaçant la mise en œuvre paix Est Congo. Le rapport souligne quatre faiblesses structurelles : l’absence de calendrier contraignant pour des tâches essentielles comme le retour des déplacés ; le mécanisme conjoint de sécurité toujours non opérationnel ; l’inadéquation entre certaines clauses et la réalité terrain – notamment le contrôle par le M23 de zones clés pour le désarmement FDLR ; et la lenteur dans la mise en place des organes de suivi, dont le comité conjoint ne se réunira qu’en août.
Comment expliquer ce démarrage laborieux du processus paix Nord-Kivu ? L’évaluation OMMAP pointe un décalage entre la conception de l’accord et l’évolution rapide des dynamiques militaires depuis l’adoption du CONOPS en octobre 2024. La reconfiguration des zones d’influence limite notamment la capacité de Kinshasa à appliquer les dispositions relatives à la neutralisation des FDLR.
La clé de la pérennisation réside désormais dans la correction immédiate de ces lacunes. Sans calendrier précis ni mécanisme de coordination fonctionnel, comment éviter l’essoufflement prévisible ? Les facilitateurs internationaux devront exercer une pression soutenue pour l’opérationnalisation rapide des structures de suivi. Le prochain juge de paix sera la tenue effective de la réunion inaugurale du comité de surveillance le 11 août prochain.
Si ce premier bilan quantitatif offre une base de travail, il rappelle surtout que les accords de paix ne valent que par leur exécution. La volonté politique affichée à Washington devra désormais se matérialiser par des actions coordonnées et vérifiables. Le défi reste entier : transformer ces 34% d’engagements initiés en une dynamique irréversible vers la pacification de l’Est congolais.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd