Une opération policière menée ce jeudi 31 juillet 2025 à Mwene-Ditu, dans la province de Lomami, a conduit à l’interpellation de trois journalistes de la radio communautaire Nsenda Muana. Cette arrestation survient dans le sillage immédiat de la fermeture administrative décrétée la veille par le maire de la ville, Gérard Tshibanda Kabwe, plongeant le paysage médiatique local dans une crise aux ramifications inquiétantes pour la liberté de la presse en RDC.
Selon les informations confirmées par Shimatu Nsenda Chico, président du conseil d’administration de la radio, les forces de l’ordre sont intervenues pendant que s’effectuait la mise sous scellés des installations. Les journalistes Ally Clovis Kaseba, Jean Pierre Kabwe et Prince Lulamba ont été appréhendés sur place sans qu’aucune convocation préalable ne leur ait été notifiée, selon les déclarations officielles de la direction. « Nos équipes ont été témoins de la présence policière procédant à la fermeture complète des locaux, et nos collaborateurs ont été embarqués sans que des explications claires ne soient fournies », a précisé le PCA dans un récit circonstancié des événements.
La décision municipale, rendue publique le 30 juillet par voie d’arrêté, fonde sa légitimité sur des accusations de violation de l’éthique journalistique et d’incitation présumée à l’incivisme fiscal. Ces griefs sont catégoriquement rejetés par la direction de Nsenda Muana, qui y perçoit plutôt une tentative de musèlement des voix critiques. Cette fermeture administrative et les arrestations subséquentes soulèvent des interrogations pressantes : assiste-t-on à une restriction déguisée du droit à l’information dans la province de Lomami ?
En réaction, la structure médiatique a initié une procédure de recours devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), institution régulatrice du secteur. Cette saisine vise à contester tant la légalité que le bien-fondé des mesures prises par l’exécutif municipal, dans un contexte où plusieurs observateurs dénoncent une escalade des tensions entre pouvoir local et quatrième pouvoir. Le conflit ouvert entre la mairie de Mwene-Ditu et cette radio communautaire ravive en effet le débat sur les limites de l’autorité publique face au travail d’investigation des médias congolais.
À l’heure actuelle, les trois professionnels des médias demeurent en détention sans que les charges précises retenues contre eux n’aient été officiellement communiquées. Parallèlement, les installations de Nsenda Muana restent inaccessibles, scellées sous l’ordre des autorités locales. Cette séquence intervient dans un paysage médiatique congolais où les cas de pression sur les rédactions traitant de sujets sensibles – notamment fiscaux ou de gouvernance locale – suscitent régulièrement l’inquiétude des défenseurs des droits humains.
Le sort des journalistes arrêtés en RDC focalise désormais l’attention des organisations professionnelles, tandis que la résolution de ce conflit entre mairie et médias pourrait établir un précédent significatif. La réponse du CSAC sera scrutée comme un indicateur de la capacité des institutions à garantir l’exercice indépendant du journalisme dans les provinces éloignées de la capitale. Cette affaire cristallise-t-elle une dérive autoritaire ou relève-t-elle d’un différend administratif régulier ? La suite des procédures judiciaires et régulatrices apportera des éléments déterminants.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd