Près de 40 000 survivantes de violences sexuelles ont été médicalement prises en charge par Médecins Sans Frontières (MSF) dans la province du Nord-Kivu au cours de la seule année 2024. Un chiffre alarmant qui, selon l’organisation, ne montre aucun signe de baisse en 2025. Cette situation catastrophique survient dans un contexte d’insécurité exacerbée depuis la prise de contrôle de Goma par le groupe rebelle AFC/M23, poussant de nombreux acteurs humanitaires à quitter la région.
Les femmes et jeunes filles paient le plus lourd tribut dans cette crise humanitaire au Nord-Kivu. Imaginez : des camps de déplacés qui abritaient plus de 650 000 personnes démantelés depuis février 2025, laissant des milliers de survivantes sans abri ni protection. “Nos équipes continuent de soigner, écouter et accompagner ces femmes, souvent livrées à elles-mêmes”, souligne MSF dans son dernier rapport. Comment expliquer cette flambée de violences sexuelles ? L’insécurité persistante crée un terrain propice aux agressions, commises le plus souvent sous la menace d’armes par des assaillants non identifiés – conséquence directe de la domination de multiples groupes armés et de la prolifération incontrôlée d’armements.
Mais l’horreur ne s’arrête pas là. MSF dénonce une dégradation “alarmante” de l’accès aux soins médicaux spécialisés pour les victimes de violences. Dans de nombreuses structures de santé de la région de Goma, les médicaments essentiels et kits de prise en charge font cruellement défaut. Les conflits en cours paralysent les chaînes d’approvisionnement, tandis que la réduction des financements humanitaires étrangle un peu plus le système. Résultat : des retards dans les soins qui peuvent avoir des conséquences dramatiques sur la santé physique et mentale des survivantes.
Quels sont les risques concrets pour ces femmes ? Sans prise en charge rapide, les victimes de violences sexuelles au Nord-Kivu développent des infections graves, des grossesses non désirées ou des traumatismes psychologiques durables. Pourtant, moins de 30% des centres de santé disposent actuellement des ressources nécessaires pour fournir des soins complets. Cette carence ressemble à une bombe à retardement sanitaire dans une région où l’insécurité limite déjà les déplacements vers les hôpitaux.
Face à cette urgence qui s’installe dans la durée, MSF lance un appel solennel : garantir un accès durable aux soins spécialisés et intensifier la mobilisation internationale sont devenus vitaux. “Sans renforcement immédiat de la protection des civils, cette crise humanitaire à Goma et dans le Nord-Kivu risque de s’enliser”, prévient l’ONG. Alors que le monde réduit progressivement ses financements pour l’aide humanitaire, les besoins, eux, atteignent des niveaux sans précédent. Les efforts doivent non seulement être maintenus, mais amplifiés, pour que la prise en charge des victimes reste une priorité absolue.
Que faire concrètement ? Les spécialistes insistent sur plusieurs axes : sécuriser les corridors humanitaires pour acheminer les médicaments, former davantage de personnel local aux soins spécifiques, et surtout, mettre en place des mécanismes de protection communautaire pour les femmes déplacées. Car chaque jour sans action signifie de nouvelles vies brisées par des violences qui auraient pu être prévenues. Dans ce contexte d’insécurité au Nord-Kivu, la communauté internationale parviendra-t-elle à répondre à l’appel désespéré de ces milliers de femmes en attente de soins et de dignité ?
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd