La salle de conférence de Goma bruissait d’un espoir palpable ce mercredi 30 juillet, alors qu’une centaine d’acteurs locaux, dont cinquante représentants d’organisations partenaires, se pressaient pour le lancement des projets du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). « Nous avons vu nos maisons brûler, nos champs pillés. Retrouver un toit durable, c’est retrouver notre dignité », confie Anuarite, déplacée de Rutshuru, résumant l’attente de milliers de familles prises dans l’étau de la crise humanitaire en RDC.
Doté d’un budget conséquent de 25 millions USD pour une durée de six mois, ce plan d’urgence du PNUD cible trois groupes vulnérables : les déplacés internes ballotés de camp en camp, les retournés chassés de chez eux par les violences et précipitamment rapatriés, et les communautés hôtes étouffées par l’afflux massif de populations en détresse. Patrick D’Oliveira, chef du bureau terrain du PNUD à Goma, martèle l’objectif central : « Il s’agit de permettre aux collectivités de redémarrer et de se reconstruire après des années de conflit armé qui ont laissé des plaies béantes ».
Mais comment transformer ces ambitions en réalité tangible ? Le plan articule plusieurs axes cruciaux. D’abord, l’accompagnement digne des retournés, souvent abandonnés à leur sort dans des villages en ruines. Ensuite, la promotion d’une cohabitation pacifique entre communautés hôtes et nouveaux arrivants, car la tension guette lorsque les ressources se raréfient. La protection contre les violences, notamment celles ciblant les femmes déplacées, figure également en priorité, avec la création de « maisons des femmes » comme sanctuaires.
Le volet infrastructurel prévoit un double effort : réhabiliter ou construire des abris durables et semi-durables pour sortir les familles des tentes de fortune, tout en installant des infrastructures sociales de base. Enfin, et c’est peut-être le nerf de la guerre, le programme vise à relancer les filières économiques locales asphyxiées par les combats. Cultivateurs sans semences, petits commerçants sans capitaux, artisans sans outils : comment espérer une paix durable sans redonner aux populations les moyens de subvenir à leurs besoins ?
Ces projets arrivent-ils à point nommé ou trop tard pour des populations au bord de l’épuisement ? La question plane dans l’air chaud de Goma. La réussite de cette intervention du PNUD Kivu dépendra de sa capacité à conjuguer urgence humanitaire et vision à long terme. Les défis sont immenses : coordination entre acteurs, sécurisation des zones d’intervention, transparence dans la gestion des fonds. Mais une chose est sûre : sans reconstruction des moyens de subsistance et sans consolidation de la cohésion sociale, la spirale de la crise humanitaire en RDC risque de perpétuer le cycle infernal de la violence. La reconstruction du Nord-Kivu passe par ces gestes concrets, ces semences plantées dans la terre encore chaude des conflits. Le compte à rebours de six mois est lancé.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net