Une semaine après l’assaut meurtrier des miliciens CODECO, les habitants de Lopa, à 30 km au nord de Bunia, tentent péniblement de reprendre le cours de leur vie. Mais comment reconstruire lorsque tout le système de santé a été réduit à néant ? Plus de 10 000 déplacés retrouvent un village où cliniques et hôpitaux ne sont plus que des coquilles vides, pillées méthodiquement par les assaillants.
L’hôpital de Tsiku : un millier de patients abandonnés
L’attaque CODECO Ituri a particulièrement visé l’hôpital général de Tsiku, poumon médical de la région qui accueillait près de 1 000 patients mensuels. “Ils ont tout emporté : médicaments, matériel, même les matelas ! Des malades ont fui dans la panique, d’autres sont restés sans aucun soin”, témoigne Abholi Odette, infirmière résidante, la voix nouée par l’émotion. Cette destruction systématique plonge le territoire de Djugu dans une urgence médicale sans précédent.
Le centre catholique de Lopa : deuxième victime
Même scène de désolation au centre de santé catholique de Lopa. L’abbé Deogracias Dhedonga décrit des locaux vidés de leur substance : “Rien n’a été épargné, c’est un coup terrible porté aux plus vulnérables”. Avec ses 25 lits réduits à l’état de souvenirs, ce centre constituait pourtant un maillon essentiel dans la chaîne des soins primaires. La crise sanitaire Lopa prend des allures de bombe à retardement alors que les populations affluent.
Retour périlleux des déplacés
Le retour déplacés RDC dans cette zone instable soulève d’immenses inquiétudes sanitaires. Sans antibiotiques pour traiter les infections, sans matériel pour les accouchements, sans possibilité de prise en charge des blessures ou du paludisme, chaque jour devient une roulette russe médicale. Les autorités sanitaires tirent la sonnette d’alarme : “Cette situation expose à des décès évitables, notamment parmi les enfants et les femmes enceintes”, explique un responsable sous couvert d’anonymat.
Urgence humanitaire
Avec l’hôpital détruit Bunia désormais surchargé, la réponse d’urgence s’organise difficilement. Des cliniques mobiles sont envisagées, mais les besoins dépassent largement les moyens disponibles. L’OMS évalue les dégâts tandis que des ONG tentent d’acheminer des kits de première nécessité. Combien de temps faudra-t-il avant que les blessures physiques et psychologiques de cette attaque CODECO Ituri ne soient pansées ? La communauté internationale est interpellée pour éviter que cette urgence médicale Djugu ne se transforme en catastrophe humanitaire.
En attendant, les habitants de Lopa survivent plus qu’ils ne vivent. Chaque fièvre, chaque blessure banale devient potentiellement mortelle dans ce no man’s land médical. Leur résilience face à cette double épreuve – violence et dénuement sanitaire – pose une question cruciale : jusqu’où peut-on pousser la capacité de souffrance des populations civiles prises dans l’engrenage des conflits armés ?
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net