Dans l’enceinte de l’Université de Bunia, plus d’une centaine d’étudiants retiennent leur souffle. Ce 29 juillet, la célébration exceptionnelle de la Journée mondiale de la population prend des allures de révolution silencieuse. « L’encadrement social doit accompagner la formation académique pour préparer des citoyens responsables », lance Pascal Maki, étudiant en deuxième licence, résumant l’urgence ressentie par sa génération dans cette région de l’Ituri secouée par les crises.
Le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) a choisi ce cadre pour interpeller la jeunesse sur son rôle décisif dans la construction de « foyers stables et porteurs de valeurs ». Autour du thème « Comment bâtir un foyer dans un monde juste et plein d’espoir », les échanges ont mis à nu les fractures sociales congolaises. Brigitte Omari Azama, représentante de l’UNFPA en Ituri, plante le décor sans détour : « Sans éducation complète à la sexualité dès l’adolescence, comment espérer une parentalité responsable en RDC ? »
Trois piliers émergent de son plaidoyer : une éducation à la sexualité sans tabou, l’encadrement moral comme colonne vertébrale du développement personnel, et la parentalité consciente comme rempart contre l’instabilité sociale. Ces concepts résonnent particulièrement dans une province où 65% de la population a moins de 25 ans. L’éducation à la sexualité au Congo reste-t-elle un sujet occulté au péril des nouvelles générations ?
La réponse prend une tournure inattendue. Loin de se limiter aux questions conjugales, l’UNFPA ouvre un front économique crucial : l’entrepreneuriat des jeunes à Bunia. « Comment parler de foyers stables sans autonomie financière ? », interroge un participant. L’agence onusienne en fait un levier essentiel pour briser le cycle de pauvreté qui mine la région. Des ateliers pratiques ont esquissé des solutions locales pour transformer ces étudiants en créateurs d’emplois plutôt qu’en chercheurs d’emplois.
Cette approche holistique dessine les contours d’un nouveau contrat social en Ituri. Alors que la RDC lutte pour sa stabilité, l’UNFPA parie sur ces jeunes comme architectes de la résilience communautaire. La parentalité responsable en RDC passe désormais par ce triptyque inédit : conscience reproductive, éthique relationnelle et indépendance économique. Dans l’auditorium, les visages se détendent. Chaque participant repart avec une conviction : bâtir des familles stables, c’est d’abord construire sa propre maturité. Et si l’espoir de l’Ituri se nichait dans cette génération armée de savoir plutôt que de machettes ?
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net