Dans les rues de Kinshasa, où les trottoirs défoncés deviennent des parcours du combattant pour les personnes en fauteuil roulant, l’espoir renaît timidement. C’est dans ce contexte que la ministre déléguée en charge des Personnes vivant avec handicap (PVH), Irène Esambo, a tenu une réunion cruciale ce lundi 28 juillet. Face aux cadres de sa nouvelle administration, réunis dans l’enceinte de la MONUSCO, sa voix portait une urgence contenue : « Ce n’est qu’en travaillant avec engagement et responsabilité que nous pourrons répondre aux nombreuses revendications des personnes vivant avec handicap ».
Pendant plus de quatre heures, la ministre personnes handicapées RDC a martelé un message sans équivoque. Comment bâtir une administration crédible capable de transformer le quotidien des 12% de Congolais vivant avec un handicap ? Sa réponse fuse comme un défi lancé à l’équipe nouvellement constituée : par l’abnégation et des résultats tangibles. « Cette administration naissante doit mériter la confiance de l’État », a-t-elle insisté, soulignant que le temps des promesses était révolu face à l’ampleur des besoins.
L’analyse de Stani Kanamuli, Directeur au Secrétariat Général, vient compléter ce tableau exigeant. Son plaidoyer ? Une application rigoureuse de la loi organique n°22/003 du 3 mai 2022 relative à la protection et à la promotion des droits des personnes handicapées. Ce texte ambitieux, adopté après des années de lutte associative, reste trop souvent lettre morte dans les ministères et administrations provinciales. « Sans mise en œuvre concrète, cette loi protection handicapés Congo restera un mirage pour des milliers de citoyens », semble dire son intervention enregistrée.
La réunion MONUSCO handicap a également vu l’intervention percutante d’un représentant du Bureau Conjoint des Nations-Unies aux Droits de l’Homme. Son message rappelle l’impérieuse nécessité de s’approprier la Convention relative aux droits des personnes handicapées. Cet instrument juridique international, ratifié par la RDC mais peu appliqué, pourrait pourtant révolutionner l’accès à l’éducation, à l’emploi et aux soins. « Cette convention droits handicapés Kinshasa doit devenir notre boussole quotidienne », a-t-il lancé devant une assistance attentive.
Derrière ces discours se cache une réalité sociale brutale. Combien de personnes handicapées doivent encore mendier aux carrefours de Gombe ? Combien d’écoles refusent-elles l’accès aux enfants malentendants ? L’administration d’Irène Esambo se heurtera à des défis titanesques : budgets limités, mentalités à transformer, et une coordination interministérielle souvent défaillante. Le chemin vers l’inclusion réelle ressemble à une course d’obstacles où chaque avancée se conquiert à la sueur du front.
Pourtant, cette réunion historique pourrait marquer un tournant. L’insistance sur la redevabilité et les résultats concrets dans le discours Irène Esambo envoie un signal fort. Va-t-on enfin passer des beaux discours aux actes ? La réponse se mesurera à l’aune des prochains mois : dans l’accessibilité des bâtiments publics, dans l’intégration professionnelle, dans la reconnaissance des langues des signes congolaises. Pour les associations de PVH, cette rencontre est un premier pas, mais le chemin reste long avant de transformer radicalement leur exclusion quotidienne.
Alors que le soleil déclinait sur Kinshasa, les participants quittaient la salle avec une feuille de route exigeante. L’espoir, ténu mais réel, naissait de cette mobilisation inédite. Reste à savoir si cette dynamique survivra aux lourdeurs administratives et aux inerties politiques. Une chose est certaine : les personnes handicapées congolaises, longtemps reléguées au rang de citoyens de seconde zone, attendent plus que des promesses. Elles méritent des actes. Et c’est maintenant que tout commence.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net