La colère a embrasé l’enceinte mythique du Stade des Martyrs ce lundi, transformant le temple du football congolais en théâtre de protestation virulente. Sous une chaleur accablante, des dizaines d’agents ont mis le feu à des pneus, dessinant des volutes noires visibles à des kilomètres à la ronde. « Comment nourrir nos familles quand on nous doit dix mois de primes ? », lance Jean-Bosco, balai encore en main, la voix tremblante de rage contenue. Ce père de cinq enfants, agent d’entretien depuis douze ans, n’a plus reçu un franc de gratification depuis l’expiration du contrat publicitaire liant le stade à l’opérateur Vodacom.
Au cœur de la manifestation stade martyrs, un constat d’urgence sociale : ces primes impayées Kinshasa représentent parfois jusqu’à 40% des revenus de ces travailleurs de l’ombre. Le contrat Vodacom stade, géré par une ASBL mandatée, aurait accumulé des retards de paiement criants, créant un trou financier qui asphyxie progressivement l’autofinancement de l’enceinte sportive. « Même les affiches publicitaires, on les a décrochées ! », clame une agente de sécurité en montrant les panneaux nus des tribunes. « Douze mois sans salaire complet pour certains d’entre nous. Est-ce normal de travailler gratuitement ? »
La Didier Budimbu déclaration, postée sur le réseau social X en fin de journée, a jeté de l’huile sur le feu. Le ministre des Sports a catégoriquement distingué salaires publics – « versés par le Trésor » – et primes dépendant de « manquements contractuels privés ». Si cette précision juridique se veut rassurante, elle sonne creux aux oreilles des manifestants qui vivent un drame au quotidien. « Le ministre parle de solution durable, mais nous, on veut manger durablement dès demain ! », rétorque Madeleine, cantinière au stade depuis quinze ans.
Cette crise explosive tombe au pire moment, à un mois des cruciaux matchs des éliminatoires Coupe Monde RDC. Les Léopards doivent affronter le Sénégal dans cette même enceinte le 8 septembre prochain. Comment assurer la sécurité et l’entretien du stade avec un personnel exsangue et révolté ? La question hante les couloirs de la Fédération congolaise de football. « Un stade n’est pas que de la pelouse et des tribunes, c’est d’abord des femmes et des hommes qui le font vivre », souligne un sociologue sportif contacté par notre rédaction.
L’impasse financière révèle une faille béante dans la gestion des infrastructures sportives nationales. La délégation à des partenaires privés, sans mécanismes de contrôle robustes, met en péril la stabilité sociale. Ces primes impayées Kinshasa ne sont-elles pas le symptôme d’un système où les petits salariés paient toujours les pots cassés des négligences contractuelles ? Alors que la RDC rêve de qualification mondiale, le Stade des Martyrs, lui, lutte pour sa dignité élémentaire. La balle est désormais dans le camp des autorités : trouver une solution avant que l’étincelle de colère ne consume l’espoir footballistique national.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net