Une alerte sanitaire secoue le groupement Waloa Uroba, en territoire de Walikale, où 34 personnes ont été frappées par de violentes intoxications alimentaires ce lundi 28 juillet. La cause ? La consommation de viande bovine provenant d’une vache abattue en urgence après son incapacité à poursuivre son trajet depuis le territoire voisin de Masisi. Cette situation rappelle cruellement les risques des circuits non contrôlés de viande, surtout dans une région où les maladies bovines font des ravages.
Comment une simple décision d’abattage peut-elle tourner au drame collectif ? Selon les informations confirmées par Barthélémy Mulengezi Luc, chef de groupement ad interim, la population s’est ruée sur cette viande dès le samedi 27 juillet, ignorant que l’animal venait précisément de Masisi – zone sous surveillance épidémiologique depuis des mois. Les premiers symptômes digestifs sont apparus moins de 48 heures plus tard, provoquant des diarrhées sévères parmi les consommateurs. Un scénario qui soulève des questions urgentes sur la sécurité alimentaire dans ces régions isolées.
Parmi les 34 victimes officiellement recensées, on dénombre 14 femmes, 9 hommes et 11 enfants, dont l’état nécessite une prise en charge médicale immédiate. Malheureusement, le centre de santé de Byungu, premier point de recours, se heurte à une pénurie criante d’intrants et de médicaments. Conséquence directe : certains malades sont contraints de rester à domicile faute de moyens, tandis que d’autres ont été évacués vers le poste de santé de Nsengu, dont les capacités d’accueil sont déjà saturées. Cette crise met en lumière la vulnérabilité des structures sanitaires rurales du Nord-Kivu face aux urgences sanitaires.
Cette intoxication alimentaire à Walikale n’est pourtant pas une surprise isolée. Elle s’inscrit dans un contexte alarmant : depuis plusieurs mois, le territoire voisin de Masisi combat une maladie mystérieuse frappant les bovins, notamment dans la zone de Mwesso. Les autorités locales avaient d’ailleurs interdit la consommation de viande bovine par mesure de précaution – interdiction visiblement contournée ici. Un cercle vicieux se dessine : les éleveurs de Walikale s’approvisionnent régulièrement à Masisi, exposant malgré eux les populations à des risques sanitaires imprévisibles.
Face à cette urgence sanitaire dans le Nord-Kivu, le chef Mulengezi lance un appel pressant à l’aide médicale. Mais au-delà de l’apport urgent en médicaments pour les centres de santé de Masisi et Walikale, cette crise pose une question fondamentale : comment mieux contrôler la traçabilité de la viande dans des régions où les circuits informels dominent ? Les spécialistes rappellent qu’une viande contaminée agit comme un poison lent : les bactéries ou toxines qu’elle contient peuvent provoquer en quelques heures des déshydratations sévères, surtout chez les enfants et les personnes fragiles.
En attendant des mesures structurelles, une vigilance extrême s’impose aux populations. Tout symptôme digestif anormal après consommation de viande bovine – surtout si son origine est incertaine – doit conduire à une consultation immédiate dans les centres de santé les plus proches. Parallèlement, les autorités sanitaires provinciales gagneraient à renforcer les contrôles vétérinaires aux frontières inter-territoriales, car comme le démontre tragiquement cet épisode, une viande contaminée à Masisi peut devenir une bombe sanitaire à Walikale.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
