La présence tant attendue de Jacques Kyabula à Kinshasa ce lundi 28 juillet 2025 marque un tournant dans une séquence politique chargée d’incertitudes. Le gouverneur du Haut-Katanga, dont l’absence prolongée avait été justifiée par des raisons médicales, se retrouve désormais au cœur des turbulences congolaises, convoqué par le Vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani. Cette convocation intervient dans un contexte où chaque geste est scruté à la loupe, et où les récentes sorties verbales du gouverneur continuent de faire tache d’huile.
Pendant cette période d’indisponibilité, l’intérim assuré par Martin Kazembe, adjoint de Jacques Kyabula, a maintenu une stabilité de façade dans l’exécutif provincial du Haut-Katanga. Mais cette parenthèse administrative n’a nullement apaisé les remous déclenchés par les prises de position publiques du gouverneur fin juin à Lubumbashi. Ses commentaires enflammés concernant l’ancien président Joseph Kabila et Corneille Nangaa ont en effet ouvert les vannes d’une controverse nationale, attisant des critiques croisées et exposant Jacques Kyabula à une pluie de réprobations. Dans ce climat délétère, son parti, l’ARDEV RDC, a multiplié les déclarations de soutien, réaffirmant avec force son ancrage dans l’Union sacrée et son soutien indéfectible au président Félix Tshisekedi. Une loyauté affichée qui ressemble à s’y méprendre à un bouclier politique en période de tempête.
La rencontre imminente avec le Vice-Premier ministre Shabani s’annonce dès lors comme un moment de vérité. Quel agenda cache réellement cette convocation ? Simple formalité administrative ou réprimande déguisée pour un gouverneur jugé trop loquace ? Les observateurs soulignent le timing révélateur de cette entrevue, qui précédera probablement la reprise effective des fonctions de Jacques Kyabula à la tête du Haut-Katanga. Le pouvoir central semble ainsi chercher à reprendre la main sur une situation régionale potentiellement explosive, où les équilibres politiques restent fragiles.
Cette séquence kinoise interroge profondément sur les marges de manœuvre des gouverneurs provinciaux dans le paysage politique congolais actuel. L’Union sacrée, ce grand rassemblement hétéroclite, peut-elle véritablement absorber de telles prises de parole discordantes sans fissures ? La stratégie de l’ARDEV RDC, en bouclier de Jacques Kyabula, témoigne-t-elle d’une solidarité organique ou d’un calcul pour préserver son influence au Katanga ? Autant de questions qui planeront sur le dialogue entre le gouverneur et le Vice-Premier ministre Shabani.
À l’heure où Jacques Kyabula s’apprête à reprendre les rênes de sa province, ses prochains jours à Kinshasa pourraient bien sceller son avenir politique. Cette rencontre avec le numéro deux du gouvernement dépasse la simple formalité : elle constitue un test crucial pour la cohésion de la majorité présidentielle. Le gouverneur parviendra-t-il à désamorcer les tensions nées de ses déclarations, ou celles-ci continueront-elles d’empoisonner ses relations avec le pouvoir central ? La réponse se niche peut-être dans la capacité du Vice-Premier ministre Shabani à imposer une ligne de conduite sans heurts. Une chose est certaine : dans les couloirs feutrés du pouvoir, on surveille cette passe d’armes avec une attention aiguë, conscient que ses répercussions pourraient s’étendre bien au-delà du Katanga.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd